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Diapason # 611 (03/2013)
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Naïve
E8937



 Code-barres / Barcode : 0822186089378 (ID281)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Gaëtan Naulleau
 

D’un côté, ces trois premières Suites « pour violoncelle» rêveuses comme jamais sous les doigts Hopkinson Smith, dont l’éloquence à mi-mots reflète l’intimité des salons. De l’autre, le cahier rendu par Sigiswald Kuijken (cf. n°568) à l’instrument que Bach avait en tête, et gagnant au contact de cette viola da spalla la vigueur franche d’une danse de plein air. Difficile d’imaginer des relectures plus divergentes, dont la force de proposition témoigne de la bonne santé de la musique ancienne!

La métamorphose assumée par le luthiste américain, qui s’est bien gardé de réécouter les violoncellistes, n’aurait pas effrayé Bach.

On pense moins à la version pour luth (BWV 995) de la Suite n˚ 5 qu au prélude pour violon solo (BWV 1006) repris au début d’une cantate (BWV 29): abracadabra, comme la grenouille et le prince charmant, l’arabesque étincelante devenait un allegro de concerto pétaradant pour orgue solo avec hautbois, trompettes et timbales. Ce n’est pas seulement l’habit ou l’échelle qui change, c’est en partie le caractère. Smith, à son tour, ose cela sans complexe. Il relit les Suites pour violoncelle d’une façon plus radicale — à la fois plus galante et pus introspective — que Pascal Monteilhet (Virgin) ou Nigel North (Linn). Son théorbe allemand (ils jouaient des théorbes italiens) lui autorise des textures soyeuses. Il ne s’impose pas de faire virevolter les gigues mais les installe dans un large balancement. Les courantes cambrent tranquillement leurs révérences. Les deux bourrées en do majeur se refusent aux ardeurs rustiques — soit la campagne d’une toile de Jouy. De sa transcription subtile, on retient le sfumato ombrageux de la Sarabande en ré mineur et quelques divines libertés prises avec l’harmonie (dans le Menuet II de la première Suite, par exemple). On a le sentiment d’entendre, plus qu’une transcription, avec ce que le terme implique souvent de gauche ou de « gras », une épure, un retour aux sources, comme ces sanguines de Raphaël où rayonne tout ce que la peinture accomplira.

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