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Diapason # 567 (03/2009)
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Glossa
GCD 920410

 

Appréciation d'ensemble:
Analyste: Harold Lopparelli
 

Comment choisir ? Après Suzanne Heinrich et sa gravure intime et envoûtante des mêmes pièces pour viole seule (Hyperion, Diapason d’or) Paolo Pandolfo en propose une lecture à sa façon fougueuse et plus libre.. Il s’agit pour lui, de mettre en avant la nouveauté de cette musique si tardive dans l’histoire de l’instrument

A partir de la trentaine de pièces du manuscrit Drexel, qui représentent probablement un échantillon du répertoire semi-improvisé joué par Abel dans ses prestations publiques (il serait l’initiateur des premiers concerts par abonnements dans le Londres des années 1760, avec Jean-Chrétien Bach), Pandolfo a organisé trois grandes Suites en : il y prouve une fois pour toutes que son instrument n’est pas incapable dans un registre expressif qui prend comme modèle les moyens du coup d’archet du violoniste classique. Ç’est un délice de goûter les subtilités de son jeu, cultivant la résonance dans des phrases à large vue, structurées à coup de spiccato, d’attaques et de suspensions rythmiques : on est loin du style à la française qui sied si bien aux Marais et autre Forqueray -  archet économe et ramassé, enflés caractéristiques, ornements nombreux mais ponctuels. Ici la musique coule naturellement, même lorsqu’elle est lente ou phrasée rubato, ce qui produit une vrai jubilation d’écoute, renouvelée à chaque reprise, 1orsque le mouvement ressaisit l’auditeur.
Il faudrait pouvoir s’arrêter sur le plus modeste menuet, intriguant ou exaltant, sur la profondeur qui surgit au détour des préludes arpégés dont le plus célèbre, en mineur, est superbement phrasé. Parmi les grandes pièces, une fugue qui est, dixit Pandolfo, la réussite jamais composée pour son instrument : on est prêt à le croire à la démonstration d’une telle habileté de construction, ampleur à laquelle il n’a pas résisté lui-même - écoutez l’incroyable cadence dont il l’a couronnée, une vraie bourrasque. Un coktail de panache et de mystère dont on ressort... un peu hébété.

 

 

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