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Analyste: Jean-Luc Macia Texte intégral: Dans sa Tafelmusik (1733), Telemann a synthétisé le meilleur de son art et des fameux « goûts réunis » européens. Ces trois cahiers, comprenant chacun une Suite/Ouverture, un concerto, un quatuor, un trio, une sonate et une Conclusion orchestrale, résumaient avec brio l’art instrumental de l’Europe baroque. Les trois concertos — deux triples (flûte, violon et violoncelle puis trois violons) et un double (deux cors fracassants) — suffiraient presque à notre félicité… et rien à côté ne démérite L’ampleur de la Tafelmusik ne doit surtout pas laisser penser que l’invention s’y trouve diluée : c’est au contraire dans ce vaste creuset que Telemann a recueilli et mis en forme les plus beaux fruits d’une imagination intarissable. Jouant à découvert ou dans les rangs d’un orchestre décidément somptueux, les solistes de Freiburg nous enchantent. Les flûtes de Karl et Susanne Kaiser rayonnent de Suites en sonates (les sonorités langoureuses de la première Ouverture), les violonistes (et chefs) s’en donnent à coeur joie (Petra Mûllejans, incandescente dans la Sonate de la deuxième production). Citons aussi le hautbois d’Ann-Kathrin Brùggemann, la trompette de Friedemann Immer, la viole de Hille PerI, et saluons bien bas tout le monde, cors (le dernier concerto !) et continuo compris. Pas question, dans ce travail d’équipe parfaitement organisé, de provoquer les visions pittoresques et vivement contrastées que Goebel avait savamment (et génialement) imprimées à tout le recueil: domine le plaisir simple et toujours renouvelé de dialoguer entre amis et de polir ensemble le bel objet musical. Des exemples? Les archets épanouis de l’Affetuoso et du Grave dans le premier trio, la densité translucide (pardon pour l’oxymore) du deuxième quatuor où Hille Perl impose avec bravoure sa viole face aux flûtes des Kaiser, l’incroyable mélancolie de la Flaterie de la troisième Ouverture, ou encore le très canaille concerto pour deux cors. La qualité de la réalisation ne serait rien sans ce rayonnement euphorique qui parcourt toutes les oeuvres jusqu’aux Conclusions d’une abrupte perfection.
Reste à choisir entre cette approche raisonnée, qui fait de
Telemann un apôtre des Lumières, et l’esprit, l’élan farouche, l’irrespect
amoureux de Goebel, qui certes se goûtent à petites doses (Archiv). Sans
oublier le formidable disque d’extraits par Florilegium, idéal pour
découvrir Telemann, qui plus est superbement enregistré (SACD Channel
Classics, Diapason d’or). |
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