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Appréciation d'ensemble: 3 Diapasons | |
Analyste: Denis Morrier Texte intégral: La
nouvelle gravure du Vespro est l’une des plus discutables de ces dix
dernières années. Certains partis pris étaient pourtant louables. Véritable
version de concert et revendiquée Dès le versiculus d’introduction, l’équilibre voix/instruments pose problème. Les chanteurs sont couverts, et les sopranos quasi inaudibles : un désagrément qui se reproduit à chaque tutti. L’emploi des instruments là où Monteverdi ne les spécifie pas se révèle particulièrement gênant Ainsi, le Laudate Dominum, pourtant mentionné « à huit voix seules avec l’orgue », se voit paré d’un dispositif envahissant(l’ «ut collocet eum »«y est inintelligible), la doxologie du Laetatus sum est entachée de diminutions de cornets d’un goût douteux, tandis que l’apparition subite des cuivres dans la conclusion d’Audi coelum contrarie la poésie et l’élévation spirituelle de ce joyau madrigalesque. Enfin, le foisonnement des cordes pincées (quatre instrumentistes) paraît exagéré, sans parler du recours au psaltérion. Ce fourmillement sonore, véritable signature de LArpeggiata, parasite le Duo seraphim et noie la déclamation du Nigra sum sous un flot d’arpègements. Par ailleurs, les tempos (surtout rapides) et les caractères (rarement intérieurs) imprimés par Christina Pluhar laissent perplexe. Dans le Dixit Dominus, pris à un train d’enfer, les chanteurs paraissent plus soucieux de tenir le mouvement que d’articuler ou d’exprimer leur texte. Cette urgence devient plus chaotique que représentative du caractère guerrier du poème. Les questions de proportion rythmique dans et entre les psaumes sont éludées. Soumis à une pression tout aussi excessive, le Laetatus sum et surtout le Nisi Dominus placent certains chanteurs sur la corde raide, tandis que le si délicat Ave maris stella ne parvient pas à respirer. La Sonata sopra Sancta Maria est plus excitée qu’extati ue. Les versets du Magnificat se succèdent sur un ton uniformément péremptoire. En regard, le Lauda Jerusalem, confié aux seules voix avec l’orgue, offre un contraste aussi heureux qu’inattendu par sa doxologie humble et sereine. Dans ce contexte
globalement stressé, les voix se révèlent peu séduisantes, tant dans les
polyphonies, qui manquent d’homogénéité et de lisibilité, que dans certains
motets de solistes. Les sopranos paraissent généralement trop acides, mais
réussissent à charmer dans le Pulchra es. En revanche, la ferveur
fait défaut au Nigra sum, tandis que les arabesques du Duo
seraphim ne décollent pas — le tempo soudainement retenu surexpose la
disparité des trois ténors, que le sfumato scintillant du psaltérion et des
luths n’arrive pas à voiler. Ce Vespro ne saurait donc rivaliser avec
les nombreuses références disponibles : SavalI, Gardiner, Suzuki, Parrott,
Kuijken, Alessandrini... |
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