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Diapason # 603 (06/2012)
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Zig Z
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ZZT302




Code-barres / Barcode: 3760009293021 (ID214)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste: Gaëtan Naulleau

Il faut croire que le disque de Chiara Banchini ne fera pas l’unanimité. Et c’est très bien ainsi, car ce qui nous plaît tant dans son approche d’oeuvres que l’on croyait bien connaître, ce qui nous a donné envie d’y revenir plusieurs fois et nous a toujours captivé passé la surprise de la première écoute, cette richesse du regard est indissociable de sa singularité. Certains n’y verront qu’une posture sophistiquée. De fait, la violoniste s’écarte d’une doxa dominante dans l’interprétation de Bach: la densité de l’écriture (les sonates pour violon et clavecin sont une jungle!) appellerait une lecture plus droite, homogène, limpide, que la rhétorique de Corelli, Biber ou Telemann. Sans quoi l’interprète risquerait d’en faire trop dans une musique qui en fait tant. Mais le jeune Leonhardt (les concertos de 1965 !), Goebel (les Brandebourgeois !), Harnoncourt (partout !) ont génialement battu en brèche cette fausse évidence, qui a pourtant regagné du terrain au fil des ans. Banchini nous ramène à leur esprit aventureux dans une interprétation des six sonates unique par sa variété. Variété des caractères, des attaques (d’un cantabile pâmé aux accents les plus terriens de la danse), de la conduite du discours, des vibratos (et des portamentos si chantants, qu’elle est encore l’une des seules à oser au violon baroque...), des reprises ornées (pourquoi refuser à Bach ce que nous accordons à tous ses contemporains ?), du rubato (idem)... Des phrases où l’on avait l’habitude d’entendre une seule idée se « tordent » sous l’énergie de motifs contraires; tout fuit la ligue droite, l’élégance coulante. Et dans les allegros, le geste est si élancé et déterminé que l’oreille ne se laisse pas longtemps distraire par les quelques scories d’intonation. Plus d’un partenaire serait resté dans l’ombre d’une telle invention. Pas Jörg Andreas Bötticher, qui dispose, en plus d’une tête bien faite et d’un beau toucher, d’un clavecin multicolore (Kramer, 2006) avec jeu de seize pieds: il multiplie les changements de clavier et de registration pour creuser la structure concertante des allegros fugués, donner un influx nouveau aux reprises, dégager des échos, organiser des perspectives où la musique se renouvelle sans cesse. La profusion toute baroque de leur dialogue risque d’effaroucher ceux que rassure un Bach net et familier!

 

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