Analyste: Christophe Huss
La note 10/10 salue le SACD parfait, publié
par Alia Vox. En écoute multicanal, la spatialisation et les couleurs sont
des modèles. L'écoute de la même bande mixée en CD stéréo laisse apparaître
quelques duretés: nous aurions peut être hésité pour le 10 technique...
La discographie Rameau est à la fois simple
et complexe. Simple, car elle n'est pas sujette à la surproduction; on peut
avoir une vue générale de ce qui a été produit au disque. Complexe, parce
que les enregistrements sont en général tous de haut niveau. Il n'y a pas de
"touristes" qui interprètent Rameau.
Oui, dans les opéras intégraux édités en
DVD on peut préférer la manière terrienne à la Minkowski à celle, plus
aérienne, de Christie. En ce qui concerne les suites au disque, aussi bien
Leonhardt que Brüggen ou McGegan, Haas, dans Zoroastre, ou Minkowski, avec
sa "Symphonie imaginaire", ont rendu justice à la créativité débridée du
compositeur. En fait, c'est le marché - et la disponibilité au moment
d'achat - qui fait le tri.
La discographie compte un nouveau venu:
Jordi Savall. Il ne "fonce pas dans le tas" avec des phrasés qui cognent et
des accents redoublés. Savall et ses musiciens se sont davantage attachés à
creuser les univers sonores, à les sculpter dans la masse orchestrale, avec
une superbe sensation de profondeur, rendue, j stement, par la prise de son
et sa mise en forme multicanal.
La configuration orchestrale est optimale
(avec le personnel nécessaire pour un corpus sonore nourri) et out ce qui
peut donner lieu à poésie sonore (Musette tendre ou Gavotte pour les Zéphirs,
de Naïs) est superbement croqué. Dans cette optique il était parfait de
conclure l'album en apothéose avec Les Boréades.
Recommandation maximale, évidemment. |