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Propos recueillis par: Jean-Marie Piel Votre nouveau disque
célèbre le tricentenaire de la naissance de Frédéric II. En quoi ce
personnage vous a-t-il attiré? Vous avez choisi d’enregistrer des pièces de Carll Philipp Emanuel Bach, Benda, Quantz et Frédéric le Grand. Ces oeuvres ont-elles la même valeur musicale? E.P : Les compositeurs que l’Histoire a retenus sont surtout Carl Philipp Emanuel Bach et Benda. Quantz laisse plus d’un millier d’opus et Frédéric II une centaine mais leurs catalogues respectifs se montrent très inégaux. De fait, le choix du programme s’est révélé extrêmement difficile. Dès votre enfance, vous avez vécu dans de nombreux pays : Irak, France, Espagne, Italie, Belgique... Cette familiarisation avec une grande diversité de langues a-t-elle joué un rôle dans votre éclectique parcours musical? E.P. : Bien sûr. C’est particulièrement important quand on mène une triple carrière de soliste, chambriste et musicien d’orchestre comme je le fais depuis vingt ans. J’avais enregistré des adaptations de thèmes de Carmen, de Rigoletto, d’Eugène Onéguine, du Freischütz, opéras chantés en russe, italien ou français. Les intonations, l’articulation, les rythmes diffèrent d’une langue à l’autre: l’interprète doit connaître les spécificités de chacune pour trouver le ton juste. La musique aussi est un langage, plus direct et jaillissant. Il me permet d’exprimer des idées que je ne pourrais formuler avec des mots. Dans les années 1980, le traverso baroque avait déjà ses stars comme Franz Brüggen ou Barthold Kuijken. La révolution des instruments d’époque était arrivée à maturité. Avez-vous connu des doutes en vous consacrant à la flûte moderne ? E.P. : Aucun, car je restais imperméable à toute forme d’académisme quand l’enseignement portait sur Bach, Telemann ou Mozart. Je préférais prendre le meilleur dans le jeu de Kuijken ou Brüggen, qui exprimaient cette musique d’une manière plus naturelle et immédiate. La palette sonore d’une flûte moderne permet de retrouver celle du traverso: inutile d’exploiter toutes ses potentialités pour jouer ce répertoire. La génération de flûtistes à laquelle j’appartiens est portée par cette démarche. Ainsi, Patrick Gallois utilise parfois une traversière moderne réalisée en bois. Pour ma part, je maîtrise davantage le métal. A ce propos, quand vous
avez enregistré les sonates de Bach avec le claveciniste Trevor Pinnock,
vous n’avez pas précisé si la flûte utilisée était en bois ou en métal,
ancienne ou moderne... Aujourd’hui, je peux le dire: il s’agissait d’une flûte en métal On peut respecter un style musical sans être tributaire des instruments d’époque. Mais la flûte en métal
peut poser des problèmes d’équilibre, notamment avec le clavecin...
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