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Monde de la Musique: # 266 (06/2002)

Harmonia Mundi
HMG501778




Code-barres / Barcode : 0794881851928

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  François Lafon
 

Les castrats, à commencer par le plus célèbre d'entre eux, Farinelli (1705‑1782), nous fascinent d'autant plus que nous ne savons pas vraiment à quoi ils ressemblaient ni comment ils chantaient. De ces monstres au charme étrange mais avéré, il ne nous reste que la musique composée pour eux, sans que nous puissions pour autant imaginer précisément quels sortilèges ils tiraient des défis techniques ni des grandes phrases suspendues dont celle‑ci regorge. Une fois admis que les contre‑ténors ne possèdent ni l'étendue, ni la puissance, ni la virtuosité, ni surtout les couleurs, aussi riches qu'exotiques, des castrats, ce sont les voix féminines, seules capables, à l'époque déjà, de rivaliser (et même d'échanger leurs rôles) avec eux, qui nous paraissent les plus à même de nous en évoquer les splendeurs. Marilyn Horne s'y est employée avec l'éclat (et les moyens!) que l'on sait, suivie aujourd'hui par l'électrisante Cecilia Bartoli, avec laquelle vient rivaliser la mezzo américaine Vivica Genaux, qui l'a prise de vitesse pour enregistrer un hommage à Farinelli.

 

Dotée d'une voix longue, corsée et agile, cette bête de scène possède en effet les moyens et le bagage technique pour affronter ces morceaux ‑ de bravoure, d'autant qu'elle fait équipe avec René Jacobs, dont le talent de chef n'a d'égal que la connaissance des voix et de l'histoire du chant. Dans le répertoire de Farinelli, ils ont puisé des airs guerriers, amoureux ou pathétiques, tirés d'ouvrages oubliés de Riccardo Broschi (son propre frère), Nicola Porpora (dont il était, à Londres, le castrat vedette), Johann Adolf Hasse (qui fut l'un des plus illustres représentants de l'opera seria) et du moins connu Geminiano, Giacomelli, dont l'air Quell'usignolo (« Rossignol amoureux »), où la voix rivalise avec une flûte, n'en termine pas moins le récital sur une de ces « folies musicales » dont ce répertoire a le secret.

 

En guise d'intermède, Jacobs dirige brillamment un Concerto à quatre de Baldassare Galuppi, auteur lui‑même de quatre‑vingt‑onze opéras et vingt-sept oratorios.
 

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