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Opéra Magazine # 91 (01/2014)
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Agogique
AGO015




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3700675500153 (ID366)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Cyril Mazin
 

Il faut se rendre à l’évidence: les chefs qui se penchent sur l’opéra baroque italien sont loin d’avoir tous le talent visionnaire de René Jacobs pour insuffler vie et passion aux oeuvres oubliées ou méconnues ! Pour mémoire, la Griselda d’Alessandro Scarlatti ( 172 I ), gravée par Jacobs pour Harmonia Mundi, en 2002, marquait les esprits par sa verve flamboyante, sa distribution pointue, son sens acéré du théâtre.

Si Fabio Biondi est loin d’être un débutant et si sa musicalité n’est plus à prouver, on se demande bien ce qui l’a poussé à enregistrer ce Carlo Re d’Alemagna (79e opéra de Scarlatti, daté de 1716) dans des conditions aussi peu propices et avec des interprètes aussi disparates. Outre le fait que le Stavanger Symphony Orchestra étire, sans beaucoup d’invention, une pâte sonore opulente, la direction se montre extrêmement routinière, au fil de cette histoire de querelles dynastiques et d’accession au pouvoir L’interprétation estompe la variété instrumentale de l’ouvrage, la musique semblant se dérouler au mètre, et les airs se succéder sans réel contraste. Fait notable, le rôle-titre est muet, accordant ainsi au personnage de Giuditta une place centrale. C’est à Roberta lnvernizzi que revient l’honneur d’incarner cet emploi confié, en 1716, à l’illustre Margherita Durastanti. Romina Basso, elfe, hérite de celui de Lotario, créé par le non moins fameux Senesino.

Si les performances des deux cantatrices n’appellent aucune remarque désobligeante, elles apparaissent, tout de même, en deçà de leurs capacités expressives habituelles. La première campe néanmoins une noble impératrice (son « Ti sovvenga », à l’acte I, s’épanouit avec volupté dans le haut du registre), et la seconde un jeune monarque ambitieux (« Riede quest’alma in calma », au III, impose un timbre de contralto très séduisant).

Dans leur sillage, le reste de la distribution tente d’habiter chacun des rôles avec plus ou moins d’aisance. Marianne Beate Kielland peine à varier ses affects en Adalgiso (« Labri cari » s’éteint à mesure qu’il progresse mélodiquement), José Maria Lo Monaco bataille sans cesse avec une intonation fluctuante en Asprando (difficile «  Il destin ver noi clemente » ), et Carlo Allemano ne parvient pas à masquer une vocalisation laborieuse en Berardo, ce qui perturbe sa ligne de chant (pénible « Tutta fede ho l’alma in petto »).

Le timbre charnu de Marina De Liso délivre, en revanche, de beaux accents plaintifs en Gildippe (superbe « Del mio bene »). Damiana Pinti et Roberto Abbondanza, enfin, campent les deux personnages secondaires avec loyauté. Sans être déshonorant, cet enregistrement, réalisé dans la ville norvégienne de Stavanger en novembre-décembre 2009, passe à côté d’une belle occasion de faire rayonner l’art magistral d’Alessandro Scarlatti.

 

 

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