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Diapason # 490 (03/2002)
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Harmonia Mundi
HMG501732



Code-barres / Barcode:  3149020173213

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Analyste: Roger Tellart

Comme on est heureux de les retrouver, les savants alchimistes de Mala Punica, impliqués dans une nouvelle aventure du Quattrocento ! Au centre de la transmutation, les madrigaux de Don Paolo da Firenze; une figure passionnante, légèrement décalée au regard de ce qui a été jusqu'alors le grand projet de Pedro Memelsdorff et des siens.

 

A la fois chantre (tenorista) et abbé, Don Paolo da Firenze, qui mourut Plus qu'octogénaire dans l'hiver 1436‑1437, est au coeur des avancées musicales de l'époque. Ce dont rend compte le manuscrit Pit (conservé à la Bibliothèque nationale) qui contient entre autres treize singuliers madrigaux dont huit sont exhumés ici. Ces pièces, si elles relèvent grosso modo de l'esthétique du madrigal « médiéval » allégorique, s'en écartent parfois pour deviner d'autres horizons, établissant comme une nouvelle stratégie d'écriture, outre une manière très personnelle d'évoluer dans l'univers sensible des images des affects. Pour simplifier, on serait tenté de dire que la Renaissance y est déjà en marche, sous le masque d'innocentes sentences morales et fables bucoliques et mythologiques. Reste que l’auteur y cache aussi tout un corpus de messages à décrypter : une réflexion philosophique, des jugements (louanges ou invectives) subjectifs, des idées politiques, enfin (Godi Firenze).

 

Dans ce délicat travail de décodage, Mala Punica est sans rival, en émaillant ce programme madrigalesque de ballades et estampies qui revendiquent le même rôle emblématique (l’istampita Isabella, saturée de signes, d'échos existentiels). En tout cas, l'impression de rêve éveillé qui monte de l'écoute s'accorde bien au raffinement inouï du geste recréateur, qu'il soit vocal (le sidérant Non piu infelice alle sue membra nacque Narcisso, véritable « vitrine » de l'art narratif de Don Paolo, avec la grâce suspensive de sa ligne mélodique) ou instrumental. Dans ce registre de virtuosité poétique, la flûte virtuose de Pedro Memelsdorff donne l'exemple et, tout autant, les deux sopranos Tina Aagaard et Elisa Franzetti qui jouent les électrons planants et libres, sans préjudice pour le chant parfaitement inattaquable des messieurs. Une fois de plus, tous les amoureux d'un Moyen Age autre feront fête aux fascinantes chimères qui peuplent le songe musical et littéraire de Mala Punica.

 

 

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