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Diapason # 620 (01/2014)
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Aparté
AP070




Code-barres / Barcode: 3149028041224 (ID358)

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Appréciation d'ensemble:

Analyste:  Philippe Ramin
 

Le deuxième Livre du Clavier bien tempéré (1739- 1742) nous est parvenu à travers deux manuscrits, l’un copié par l’auteur et son épouse Anna Magdalena, l’autre par son élève et gendre Johann Christoph Altnickol en 1744. Christophe Rousset privilégie la seconde source, à vrai dire la plus largement utilisée depuis le XIXe siècle. Il fait une infidélité à l’instrument qui l’accompagnait jusqu’ici dans le cycle Bach entrepris chez Ambroisie (devenu Aparté) : au Ruckers (1632-1745) de Neufchâtel, il préfère celui de 1628 ravalé en 1706 par Blanchet. Un instrument dont les visiteurs de Versailles admirent chaque jour la décoration extravagante en grotesques sur fond d’or mais qu’on n’avait pas entendu depuis des lustres au disque ; Alain Anselm a pu enfin, en 2009, faire oublier les interventions de facteurs de piano trop zélés au XXe siècle. Les vingt-quatre diptyques composent un ensemble plus hétérogène que celui du premier Livre de 1722, les préludes sont parfois perméables au style galant alors que les fugues présentent des archaismes certains, voire une tendance à l’abstraction qui évoquent L’Art de la fugue. Christophe Rousset est sensible à ces ambiguïtés, qu’il met en scène à travers la palette sombre du Ruckers de Versailles. Il fait apprécier la diversité des formes (inventions, duettos) sans jamais forcer le trait.

Avec cette probité qui le caractérise, un sens de l’analyse qui n’est plus à vanter, un respect scrupuleux du texte, le claveciniste choisit des solutions rationnelles pour certaines articularités solfégiques - le trois pour deux souvent éludé du Prélude en ré majeur, la brièveté des appoggiatures du Sol dièse mineur. Les galanteries qui parsèment quelques pages sont plus un clin d’oeil du Cantor adressé aux nouvelles tendances qu’un changement radical de style : c’est ce que semble suggérer Rousset. Il évite également de trop faciles effusions dans le Fa mineur - l’éloquence naît simplement des contrastes de textures et de couleur harmonique. Le Prélude et fugue en si bémol mineur, clef de voûte de l’oeuvre, a rarement parlé avec autant d’intensité.

Le tracé net des structures rend le discours particulièrement transparent et peu maniéré (Prélude en do mineur, Prélude en mi majeur). Prise isolément certaines pièces pourront sembler un peu sèches, mais la tenue de l’ensemble impose une cohérence précieuse au disque.

 

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