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Diapason # 632 (02/2015)
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Challenge Classics
CC72394




Code-barres / Barcode : 0608917239423

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean‑Luc Macia

Le seuil des deux cents (!) gravures de l'Oratorio de Noël vient d'être franchi ‑ cf le site bachcantatas.com, aux discographies exhaustives. Mais c'est la première fois qu'un chef le relit à la lumière du choeur de solistes, cet effectif réduit dont le musicologue Joshua Rifkin démontrait la pertinence il y a un quart de siècle, et qu'au disque on a déjà entendu maintes fois appliqué aux deux Passions et à la Messe en si, notamment par Sigiswald Kuijken.

Par principe (désamorcer la suprématie du chef et émanciper chaque musicien), Kuijken mène à nouveau ses troupes légères depuis l'archet. Et réalise une autre première dans cette oeuvre : La Petite Bande en format restreint (quatre violons, alto) renonce au violoncelle et à la contre basse au profit d'un violoncello da spalla (tenu à l'épaule) et d'une basse de violon (qui ne joue pas en 16 pieds mais a plus de profondeur qu'un violoncelle).

Cet orchestre de poche, svelte et vigoureusement phrasé, amoindrit naturellement les problèmes d'équilibre avec les quatre chanteurs placés devant. On peut s'interroger néanmoins sur un tel effectif vocal dans ce cycle de six cantates pour Noël : on sait fort bien que lors des fêtes les plus solennelles de l'église, les quatre « concertistes » étaient soutenus par autant de « ripiénistes » (sans aucun doute dans les parties séparées de la Passion selon saint Jean). Ces voix supplémentaires dans les grands chœurs festifs (cantates I, III et VI) permettraient peut‑être de corriger le déséquilibre entre les vents et les voix ou les violons qui nous chagrine. Bien sûr, cela peut faire son effet avec ces timbales et ces trompettes ravageuses alla Harnoncourt (quelle densité de grain dans les cuivres vraiment naturels des frères Madeuf !), mais on a bien du mal à être emporté par l'élan irrésistible espéré faute d'impact vocal. Les choeurs à quatre des trois autres parties sont plus séduisants, avec même un bonus pour le fringant « Ehre sei dir, Gott » de la cinquième cantate.

 

L'autre réserve tient à l'inégale qualité des voix : les aigus de Sunhae lm sont écrêtés (elle dénature plus d'un choeur, comme celui des anges dans la deuxième cantate), sa diction est claire mais son soprano manque de matière (il nous semblait plus substantiel sous la direction de René Jacobs dans la Passion selon saint Matthieu). L'alto et le ténor sont parfois touchants dans les récits mais un brin transparents dans les arias; Jan Van der Crabben est celui qui s'en tire le mieux, impressionnant même dans l'air « Grosser Herr ».

 

L’album s'écoute avec un réel plaisir car Kuijken, s'il prône une lecture assez distanciée, ménage des ambiances prenantes: la joie de Noël, la poésie pastorale, les tendresses angéliques, l'appel des grands espaces (les cors de la quatrième cantate), la confiance spirituelle sont bien là au fil des interventions d'un orchestre toujours en mouvement, de solistes impeccables (la flûte d’Anne Pustlauk, les hautbois divers et pittoresques), le continuo discret de Benjamin Alard à l'orgue et une allègre pulsion qui court de plage en plage.

 

 

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