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Diapason # 655 (03/2017)
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Mirare
MIR303




Code-barres / Barcode : 3760127223030(ID592)

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Analyste: Philippe Ramin

 

Les deux fois sept sonates de Buxtehude, seules oeuvres publiées de son vivant, établissent un dialogue instrumental différent des trios qu'un Corelli compose à la même époque, et dont toute l'Europe se régale. Buxtehude livre ainsi des sonates à deux, où la viole de gambe suit la plus souvent la ligne de basse, qu'elle ornemente, ou dont elle s'émancipe de temps à autre, en prenant la parole comme un deuxième dessus face au violon. En dépit de cette entorse à la règle, Buxtehude entend profiter de la mode corellienne pour vendre ses deux opus : il rédige leurs préfaces en italien, et métamorphose son prénom en... Dieterico.

Ces deux recueils (ca. 1696) et les quelques sonates manuscrites coulées dans le même moule ont inspiré jadis Holloway (intégrale des sonates, 3 CD Naxos), la jeune équipe de Goebel (Archiv, Diapason d'or) et celle de Manfredo Kraemer (Opus 1, HM, Diapason d'or), tous épatants dans leur genre, et plus récemment Ton Koopman (intégrale en 3 CD, Challenge Classics). La virtuosité de l'écriture pour cordes et l'art des contrastes produisent un matériau précieux pour stimuler l'imagination des interprètes en dialogue.

La Rêveuse qui se concentre sur les sonates manuscrites, adopte une disposition instrumentale plus complexe que ses aînés: le continuo met en relief l'opposition violon/viole à travers l'alternance ou l'alliage finement pensés des deux claviers (un organiste et un claveciniste). Le théorbe de Benjamin Perrot demeurant un pilier fondamental du socle harmonique. Le langage propre à ces différents instruments (polyphonie, accords, libre improvisation mélodique) est particulièrement varié dans les ostinatos (passacaille des sonates en la et sol), et la tentation d'une profusion ostentatoire est bien contournée.

On découvre avec ravissement deux joyaux, la sonate de Becker (1623­1679) dont l'écriture très fluide n'est pas sans rappeler l'évidence mélodique de Schmelzer, et une anonyme sonate bipartie pour la viole (Lübeck, deuxième moitié du XVII siècle). Chez Becker, l'archet toujours subtil de Stéphan Dudermel s'enivre de vocalité dans la Suite de danses (seconde partie de cette sonate hybride). La deuxième oeuvre anonyme composée pour la viole confirme ce mélange d'autorité bienveillante et de douceur qui caractérise le jeu très intense de Florence Bolton. D'une manière générale, La Rêveuse a le chic pour concilier détail de la prononciation et conscience de la grande forme. C'est une marque de fabrique de l'ensemble. La passacaille de la Sonate en sol mineur, illuminée de l'intérieur par une pulsation très large, est un grand moment de ce disque.

Sans faire oublier la vie frémissante et l'insolente intelligence de Goebel (d'une invention et d'une énergie inouïes dans la Sonate BuxVW273), la nouvelle proposition nous comble par des qualités rares, à contre‑courant d'un baroque consensuel et décoratif.

 


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