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Diapason # 634 (04/2015)
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Accent
ACC24284




Code-barres / Barcode : 4015023242845

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean‑François Lattarico

Le répertoire opératique italien joué à Vienne à l'aube du XVIIIe siècle, quand se met en place la réforme de l’Arcadie, est un massif encore inexploré. Les noms de Bononcini ou Ariosti résonnent sans doute aux oreilles des connaisseurs de Handel, tandis que Fux est sorti de son long purgatoire, grâce surtout à sa musique sacrée. On saluera donc l'ensemble Tourbillon à qui l'on doit l'exhumation de ces airs pour soprano tirés d'opéras (et d'oratorios: Il fonte delta salute de Fux, Le profezie d’Eliseo d’Ariosti) oubliés, qui montrent le lien étroit que la cour des Habsbourg entretenait avec la musique italienne. Les empereurs eux‑mêmes mettaient la main à la pâte. Les compositeurs choisis ‑ en dehors de l'obscur Pietro Baldassari ‑ dessinent un jalon important de l'art opératique pré‑handélien (manque toutefois l'immense Francesco Bartolomeo Conti, peut‑être le plus génial de ces Italiens viennois). La galanterie doucereuse (« Lascio d'esser ninfa » de Fux) côtoie l'abandon pathétique (« Prole tenera » d’Ariosti et son accompagnato envoûtant).

 

Mais la belle aventure n'est qu'un coup d'épée dans l'eau avec une voix si mal assortie à de telles musiques. Les arabesques précises, la fine projection, la réserve élégante d'Hana Blažíková ont trouvé un terrain d'élection chez Bach, avec Masaaki Suzuki ou Philippe Herreweghe. Le nouvel album n'expose que ses limites, et avant tout une mollesse coupable ‑ d'accent, de caractère, de phrasé. La soprano confond langueur et torpeur, et son filet de chant monochrome dessert le théâtre. Une prise de son réverbérée dilue encore son élocution embrumée. Une heure de quasi‑ennui, que les instruments bousculent à peine ‑ réduire à trois violes, deux hautbois et trois continuistes l'étoffe orchestrale n'était pas une bonne idée. La notation tient compte de la beauté des airs.

 

 

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