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Diapason # 634 (04/2015)
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Hyperion
CDA68008




Code-barres / Barcode : 0034571280080

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Isabelle Ragnard

Notre Champenois national est à la mode de l'autre côté du Channel: choyé par Hyperion, The Orlando Consort se donne pour objectif d'enregistrer l'intégralité de son oeuvre en suivant la nouvelle édition préparée par une équipe d'universitaires largement anglophones. Après « Le Voir dit » (Hyperion, 2013), le quatuor vocal masculin a groupé dix chansons et trois motets, dont deux sur chanson profane, dans un programme qui manque un peu de charpente et d'originalité. Deux ballades inédites s'y distinguent pourtant : Hélas, tant ay doleur et peinne et Pour ce que tous mes chans fais, dont le refrain final « Se je chant mains que ne sueil » cite le premier vers d'un canon à trois voix composé par l'évêque Denis Le Grant (mort en 1352) pour peindre une chasse au faucon. Les onomatopées réalistes des chasseurs sont lancées avec une belle fantaisie.

Première dans l'ordre des ballades, S’Amours ne fait est encore rarement chantée; le a cappella rend saillante l'opposition répétée entre la ligne tendue de la voix supérieure et les rythmes hoquetant du ténor, une figure de ressassement qui fait émerger à la conscience la structure isorythmique unique de cette ballade. L'interprétation réserve peu de surprises. Le style entièrement vocal, revendiqué par les Gothic Voices dans les années 1980, reste ici un principe absolu. Rien n'est tenté pour soulager les voix d'accompagnement en leur confiant un peu de texte (option, entre autres, de Musica Nova): elles étirent leurs vocalises au risque d'entrer en concurrence avec les mélismes du chanteur qui garde l'exclusivité du poème lyrique. Poème mal servi lorsqu'il est confié au jeune contre‑ténor qui escamote trop souvent les consonnes (Matthew Venner
a pris il y a quelques années la relève de Robert Harre‑Jones). La diction est bien plus satisfaisante chez les voix graves, qui ont aussi gagné en souplesse. L’intelligence des textes entremêlés représentant un défi pour tous les interprètes, le quatuor excelle dans les pièces polytextuelles élevées au rang de « musique pure ». Ainsi, on ne se lasse pas de la fascinante ballade en canon perpétuel Sans cuer / Amis dolens / Dame par vous, où chacune des voix porte les paroles distinctes d'un dialogue entre deux amants. Le dessin contrapuntique prévaut sur la perception des textes lyriques, qu'on ne savoure qu'à la lecture, mais la séduction so british des Orlando aura ses partisans.

 

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