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Diapason # 645 (04/2016)
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Glossa 
GCD922805




Code-barres / Barcode : 8424562228054(ID572)

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Analyste: Denis Morrier

Voici une expérience inédite, dont on peut s'étonner qu'elle n'ait pas été tentée plus tôt, tant elle s'avère probante et révélatrice. Rappel des faits! Mantoue, 1608: Monteverdi crée son opéra Arianna, dont la partition est aujourd'hui perdue. Venise, 1614: il fait imprimer un arrangement à cinq voix des stances de l'héroïne abandonnée (les interventions chorales de la scène d'opéra disparaissent pour l'occasion). 1623: le madrigal devient lamento dans une version pour soprano solo et basse continue. 1640: le compositeur insère dans son ultime recueil de musique sacrée (la Selva Morale) une parodie spirituelle de l'édition monodique ‑ aux plaintes d'Ariane abandonnée succède la douleur de la Vierge implorant son fils crucifié de lui répondre. La Compagnia del Madrigale a eu l'excellente idée de glisser le texte latin de 1640 sous la polyphonie de 1614. L’effet est saisissant! L’éblouissante performance vocale du quintette (qui a renoncé à tout soutien instrumental) n'est pas seule en cause. Certes, on ne peut qu’être impressionné par la pureté de l'intonation, l'homogénéité des timbres, la cohésion dynamique et la parfaite intelligibilité des paroles. Mais surtout, ce travestissement permet de redécouvrir la puissance expressive de la polyphonie montéverdienne, transfigurée par la profondeur émotionnelle de la poésie religieuse.

Le programme subtil se poursuit avec d’autres métamorphoses dévotes, les Contrafacta de madrigaux (Livres IV et V) publiés à Milan en 1607 et révélés au disque par Le Poème Harmonique (Alpha), Libérés des riches atours instrumentaux qu'imposait l'ensemble de Vincent Dumestre, ils retrouvent la gravité madrigalesque d'un a cappella aussi profond qu’émouvant. Enfin, les motets tirés de l'anthologie publiée par Bianchi en 1620, enregistrés par les plus grands chefs avec des choeurs opulents, gagnent avec notre quintette chantant au plus près des mots une souplesse et une puissance d'évocation inédites. En témoigne le Domine ne in furore, qui revêt une violence incroyable, avec un stupéfiant crescendo initial, comme jamais il n'en avait été entendu dans cette oeuvre que l'on croyait pourtant bien connaître. Comment ne pas se sentir élevé jusqu'aux portes du Ciel, avec une telle compagnie de madrigalistes, autant

inspirés qu'innovants ?

 

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