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Diapason # 656 (04/2017)
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Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean‑Luc Macla

Les thèses luthériennes , ont grandement influencé la musique sacrée, qu'elle soit d'esprit réformé ou catholique : cette anthologie d'oeuvres écrites au sud et au nord des Alpes entre 1540 et 1650 étudie leurs effets. La confrontation n'est pas binaire dans la mesure où Luther aimait la musique d'église romaine, et acceptait que des pièces soient chantées toujours en latin. De plus les compositeurs allemands continuèrent de faire leurs classes en Italie et eurent pour maîtres tous les grands compositeurs romains ou vénitiens de la fin du XVIe siècle.

Le programme met souvent en regard des partitions sur le même texte. Un exemple: le Da pacem Domine de Lassus, écrit en 1588 pour la cour catholique de Bavière, est d'une austérité et d'une densité expressive frisant la mélancolie. En 1648, en pleine guerre de Trente Ans, le luthérien Schütz tisse sur la même antienne (« Donne la paix, Seigneur, à nos jours, car il n'y a personne d'autre que Toi, notre Dieu, qui combatte pour nous. »), traduite en allemand, l'un de ses Petits Concerts spirituels, où la prière prend un tour lumineux, presque exubérant.

Le credo musical des luthériens aura été de rendre les paroles intelligibles aux fidèles: langue allemande plutôt que latin, simplicité mélodique (avec notamment l'instauration du choral chanté par tous) à une époque où la polyphonie complexe des Romains voilait les mots. La Contre‑Réforme, à son tour, prônera une forme de simplification. Hormis la langue employée, peu de choses séparent une page flamboyante des Sacrae symphoniae de Giovanni Gabrieli d'un motet de la Geistliche Chor‑Music de Schütz. La fin du CD suffit à parfaire la démonstration : séparés par un Salve regina de Monteverdi, deux Magnificat se font écho dans la splendeur; celui de Gabrieli (1615) et celui de Praetrorius (1619) dans la traduction de Luther (Meine Seele erhebt den Herren) semblent frères jumeaux : mêmes profusion dialoguée, même foisonnement choral, si ce n'est que celui de l'Allemand est beaucoup plus long. Catholiques romains et maîtres de chapelle réformés louent la Vierge avec les mêmes élans.

L’affiche est luxueuse. Même si ses effectifs semblent surdimensionnés (jusqu'à quarante choristes), le RIAS Kammerchor (et ses solistes) donne à entendre distinctement l'expression madrigalesque. Mais la palme va aux membres de la Capella de la Torre. Qu'ils jouent à découvert ou soutiennent les chanteurs, ils déploient un fascinant arsenal d'effets savoureux où brillent cornets, sacqueboutes et autres dulcians. L'ensemble de Katharina Bäuml n'a plus rien à envier aux souffleurs de la génération du Concerto Palatino, de La Fenice ou de Musica Fiata. Pourtant Sony France n'a pas jugé bon d'importer les derniers disques de la Capella, malgré les récompenses qu'ils glanent régulièrement dans la presse étrangère. Il serait temps que cela change.      


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