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Diapason # 613 (05/2013)
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Alpha
189




Code-barres / Barcode: 3760014191893 ID299)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Isabelle Ragnard
 

Pour le sixième volet la collection « Mille ans de cornemuse en France », Les Musiciens de Saint-Julien s’aventurent jusqu’aux territoires médiévaux, qu’ils parcourent avec le même bonheur que les sentiers de la Renaissance et du baroque ( « Et la fleur vole », Diapason d’or; cf n° 584). François Lazarevitch prend ici pour fil d’Ariane le Jeu de Robin et Marion d’Adam de la Halle (XIIIe siècle et déniche dans le dédale des manuscrits de la fin du  XIVe siècle et du début du XVe des pièces rares aux thèmes plus rustiques que courtois. De savoureux petits motets et virelais polyphoniques rompent avec les clichés d’une période musicale souvent réduite . . . .. aux trouvailles sophistiquées de l’« ars subtilior ». Parmi les curiosités, on relève la chanson Prenés l’abre Peyronnelle (citant le refrain «Hé réveille-toi, Robin! ») ou le motet Je commence/Et je feray/Soules viex, qui est un collage de bouts de dialogues et de cris de colporteurs proche des « fricassées » musicales du XVIc siècle. Avec trois chanteurs clamant à pleine voix, le canon Tres dous compains, dont on ne comptait que des versions instrumentales, manifeste toute la force évocatrice des onomatopées utilisées dans la fauconnerie, D’un programme fignolé pour que l’oreille ne soit pas trop vite fatiguée par la cornemuse, on regrette seulement que les plages extrêmes soient desservies par la spatialisation des voix; sans doute heureux en concert, l’effet de distance déroute ici.

Partout ailleurs, quel art des couleurs et des dosages ! L’éclat de la cornemuse se reflète dans la fine lumière de la vièle et l’arc-en-ciel du tympanon, de la harpe, de la chalemie, du rebec, d’une trompette à coulisse… La rugosité (nuancée) des timbres instrumentaux agit comme un révélateur pour les pièces plus connues. Les mélodies aux étonnantes inflexions (Soit tart tempre) gagnent en vigueur grâce à la belle présence sonore de la cornemuse, tandis que la perception du souffle dans la flûte indienne bansuri ajoute une douce chaleur (Gli atti col dançar).
L’influence des pratiques musicales   traditionnelles est sensible, mais sans facilités « pittoresques ». Par leur expérience des bals de danses anciennes, Les Musiciens de Saint-Julien ont surtout intégré un art vivant du balancement rythmique, des appuis légèrement chaloupés, que l’on n’attendait pas dans les rythmes complexes d’un virelai de Senleches, mais qui fait merveille.

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