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Diapason # 613 (05/2013)
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Code-barres / Barcode: 0028947908418 (ID316)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Denis Morrier
 

La confrontation est aussi passionnante qu’inhabituelle : Nigel Short a mêlé aux oeuvres les plus personnelles du prince de Venosa celles du compositeur emblématique de la Contre-Réforme romaine, l’Espagnol Victoria. Deux mondes, deux lumières, deux façons de faire peser la dissonance dans la trame polyphonique... Deux maîtres de l’intensité, aussi éloignés que pouvaient l’être la palette d’un Caravage et celle d’un Greco.

Des Répons des ténèbres de Gesualdo, les précédents interprètes de référence (Hilliard Ensemble, A Sei Voci) offraient plutôt des lectures sombres et violentes, tout en errances et fulgurances, pour mieux souligner les excentricités de l’écriture. Il faut reconnaître que les textes de ces motets de contrition et de pénitence devaient trouver une résonance particulière chez le prince assassin. Nigel Short n’a pas craint de s’écarter de ces modèles. D’une part en employant un ensemble vocal mixte et assez fourni (seize chanteurs, admirables), mais aussi par la souplesse dynamique et la grande fluidité de la ligne. Chaque phrase, chaque mot, donne ici lieu à un subtil travail de nuances et d’éclairages. Short parvient ainsi à mettre en valeur les audaces harmoniques de Gesualdo, sans tomber non plus dans le pathos expressionniste auquel ses prédécesseurs nous avaient accoutumés. Il règne dans cette lecture une certaine lumière crépusculaire, douce et méditative, aux fulgurances doloristes poignantes, et d’une profonde intériorité. Le Miserere paraît même plutôt distancié, comme si les interprètes ne voulaient pas souscrire à l’héritage du compositeur torturé par ses remords et ses passions morbides.

Tant dans les motets de Gesualdo que dans les architectures plus harmonieuses de Victoria, Short ménage des jeux d’échos, en divisant ses forces et en mettant en scène une discrète spatialisation. Au mysticisme enténébré de mystères douloureux et de doutes inavoués que proposaient les Hilliard, il oppose une profession de foi, une promesse de rédemption au coeur même des Ténèbres.

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