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Diapason # 635 (05/2015)
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Glossa
GCD923403




Code-barres / Barcode : 8424562234031

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Sophie Roughol

Carême à la Hofkapelle de Vienne, rigueur et effusion : la dévotion de Charles VI de Habsbourg est exigeante. Certaines années voient l'empereur comblé par six (nouveaux !) oratorios pendant cette période qui précède la semaine sainte, et notamment les oratorios « al santissimo sepolcro », spécialité viennoise. Joués devant une copie du Saint‑Sépulcre, ils doivent nourrir la réflexion spirituelle du croyant en le confrontant, plutôt qu'à un récit de la Passion, aux méditations en dialogue de différents personnages sur les souffrances et le sacrifice du Christ.

 

Caldara, qui avait déjà livré d'admirables oratorios en Italie, s'essaie à ces vastes tableaux théologiques dès 1717, peu après son arrivée à Vienne comme vice‑maître de chapelle auprès du grand Fux, En 1724 (année de la première Passion de Bach à Leipzig), son nouveau sepolcro place Marie‑Madeleine au centre d'un quintette, confié aux éminents chanteurs de la cour: trois castrats pour Marie Madeleine, sa soeur Marie Jacobé et Joseph d’Arimathie (qui ensevelit le corps de Jésus dans son propre sépulcre), ainsi qu'un ténor pour le disciple Nicodème, et la basse Christoph Praun, gloire de la cour, pour le Centurion. Chacun pleure tour à tour la mort du Christ pendant la première partie, et considère son enterrement dans la seconde. Le livret intense de Francesco Fozio stimule chez Caldara de multiples « figures » et images sonores, dont la symbolique risque aujourd'hui de nous échapper. Brian W. Pritchard l'éclaire dans un texte d'introduction passionnant, et souligne par exemple comment une double fugue permet, sous les derniers mots du livret, de mettre en regard l'action et sa conséquence (« Que sa mort cruelle / Soit pour nous une vie »).

 

Fabio Biondi a pris à coeur d'exhumer cette partition avec toutes les clefs de sa rhétorique. Il attise les passions d'une Marie‑Madeleine tourmentée et ardente, joue la carte de solistes puissants et d'une dramatisation franche ‑ le discours prime sur l'ambiance. L’orchestre (moderne) de Stavanger montre une profonde compréhension du langage baroque, et fait très bonne figure dans les quatre airs avec instrument obligé (violon, chalumeau, trombones, basson). Un détour s'impose, même si la révélation n'est pas aussi forte qu'il y a vingt ans avec la Maddalena ai piedi di Cristo, chef‑d’oeuvre de l'oratorio italien vers 1700, magnifié par René Jacobs et une équipe en état de grâce (HM, Diapason d'or).

 

 

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