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Diapason # 646 (05/2016)
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Ricercar 
RIC367




Code-barres / Barcode : 5400439003675 (ID564)

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Denis Morrier

Mantoue 1617, Rome 1638, Vienne 1663 : trois dates, trois lieux, trois oeuvres et six compositeurs ayant célébré, dans des contextes différents, une des figures les plus fascinantes des Évangiles : Marie‑Madeleine.

 

Le programme érudit s'ouvre avec les musiques inédites qui ponctuaient la sacra rappresentazione en cinq actes d'Andreini, représentée à Mantoue pour le mariage du duc Ferdinando Gonzaga. Le somptueux prologue de Monteverdi, forgé sur le modèle de L'Orféo, alterne un ritornello à cinq parties (ici richement orchestré et varié) et sept stances pour ténor solo, interprétées par Nicolas Achten lui‑même, avec un admirable raffinement dans l'expression et l'ornementation. Les intermèdes de Muzio Effrem et d'Alessandro Guivizzani opposent un duo de sopranos, un trio masculin et une vaste polyphonie madrigalesque au style suave et aux surprises harmoniques saisissantes. Enfin, ces Musiche di eccelentissimi Musici s'achèvent par une délicieuse villanella de Salomone Rossi, au caractère dansant.

 

La variété d'écriture de ces musiques festives du premier baroque contraste avec l'unité stylistique du grave « oratorio du sépulcre » de Bertali. Ce musicien véronais compte parmi les nombreux Italiens engagés au XVIIe siècle à la cour viennoise des Habsbourg. Maître de chapelle de 1649 à 1669, il a laissé cinq oratorios. L’influence des modèles opératiques romains (en particulier Luigi Rossi) transparaît dans sa Maddalena au pathétisme sobre. L’oeuvre offrant peu de parties instrumentales, Nicolas Achten a étoffé un continuo coloré : un modèle de réalisation polyphonique, aux antipodes du fouillis étincelant qui fait aujourd'hui florès parmi les ensembles « à la mode ». Les chanteurs servent leurs parties avec intelligence et style ‑ il est permis de préférer le velours des deux ténors à la présence trop effacée de la basse. Deux voix féminines judicieusement contrastées se prêtent aux deux « Marie »: la mère éplorée s'incarne idéalement dans le mezzo profond et la digne éloquence de Luciana Mancini, tandis que la pécheresse repentie est transfigurée par le lumineux soprano de Deborah Cachet. Cette dernière révèle un ultime visage de la Madeleine, à travers le madrigal spirituel de Mazzocchi, Lagrime amare, publié à Rome en 1638. Autrefois magnifié au disque par Maria Cristina Kiehr (Ricercar) et l’ensemble Tragicomedia (Teldec), il trouve ici une nouvelle incarnation, entre déchirements et intériorité, fulminations virtuoses et dépressions chromatiques.

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