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Diapason # 625 (06/2014)
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Ramée
 RAM1305



Code-barres / Barcode : 4250128513050

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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Paul de Louit

La troisième partie de la Clavierübung représente comme les autres (I : Partitas, Il: Concerto italien et Ouverture à la française, IV: Variations Goldberg) l'aboutissement d'un genre. En fait, de trois. D'abord, le prélude de choral: les mélodies du Catéchisme de Luther font l'objet d'un commentaire alterné entre « grandes » versions (avec pédale obligée) et « petites » sur un clavier seul. Puis, l'Inventio, avec les quatre Duetti qui viennent en codicille. Enfin, le diptyque prélude‑fugue, qui encadre le recueil. Triple exemplum d'un discours théologique adressé « aux connaisseurs et aux amateurs », d'une pratique aussi bien solennelle que de dévotion privée, d'un sommet continu de concentration expressive. Sur tout cela, c'est à l'affichage stylistique que Léon Berben donne le pas. Ce disciple de Leonhardt et de Koopman, passé comme Kei Koïto par l'ensemble Musica Antiqua Köln, ose une version radicale et imparfaite, où les doigtés anciens commandent des articulations parfois outrées, parfois curieusement relâchées, où les déhanchés rythmiques peuvent aller jusqu'au maniérisme dans les « petites » versions, où les accords littéralement jetés dans le plenum participent d'une brutalité impressionnante pour l'auditeur mais éprouvante pour le vent et la mécanique de l'instrument : ainsi attaquée, la pédale se fait castagnette.

Jouer l'oeuvre dans l'ordre de l'édition met en valeur, certes, la palette mordorée de cet orgue de 1737 ‑ magnifique choix, excellemment enregistré ‑ mais l'imagination même de la registration souligne aussi, de mélange en mélange et de trouvaille en trouvaille, l'uniformité du toucher et des partis pris. La splendeur du résultat (Credo, Duetti, Prélude en mi bémol) côtoie le ridicule (Pater au pas de charge orné du bout des doigts, version manualiter des « dix commandements » articulée comme une valse de cabaret): proclamation non dénuée d'arrogance d'une lettre « historiquement informée » qui, ici récuse plutôt que de parfaire un siècle de recherche sur le langage rhétorique et symbolique du Cantor.
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