Texte paru dans: / Appeared in:
*

Diapason # 625 (06/2014)
Pour s'abonner / Subscription information


Satirino
 SR141




Code-barres / Barcode : 3760061191419

Consultez toutes les évaluations recensées pour ce cd ~~~~ Reach all the evaluations located for this CD

Appréciation d'ensemble:

Analyste: Philippe Ramin

Les interprètes maîtrisant la totalité du Clavier bien tempéré ne sont pas légion. Non pas que les écueils techniques, innombrables, épuisent les grands musiciens qui abordent ces pages : c'est surtout la cohérence de l'ensemble qui peut les égarer. Comment relier le particulier au tout (exercice d'ailleurs propre au disque et anachronique ici) ? Et comment différencier ces deux cahiers où les enjeux du compositeur divergent sensiblement ?

 

Kenneth Weiss joue le très beau Ruckers‑Taskin conservé au Musée de la musique, choix raisonné qui évacue la question d'un instrument allemand plus typé, et fonde la palette sur la profondeur des résonances et l'éclat des couleurs. Peu d'interprètes ont su à ce point en exploiter le timbre si prenant. Dans le Livre 1, on est frappé par la clarté du dessin, l'évidence des tempos qui privilégient l'expressivité, même dans les toccatas introductives. Mis à part une étonnante variation de tempo dans le fugato du Prélude en mi bémol, une saine logique guide les fugues, à la fois lisibles et merveilleusement chantantes. Pari gagné. La caractérisation est décidée, le toucher toujours moelleux et d'une fine éloquence.

 

Ce naturel de la projection rend les préludes délicats (Mi bémol mineur, Fa mineur) éminemment émouvants et les fugues archaïsantes d'une tranquille beauté. Parfois le détail est un peu maniéré (Prélude en mi majeur) mais le legato souverain ainsi que la cohérence du phrasé ne laissent pas le discours s'éparpiller.

 

A l'inverse de Christophe Rousset (Aparté, cf. no. 620), Weiss ne dessine pas à la pointe sèche les grands préludes du second Livre ; il préfère exploiter les résonances de son instrument en prêtant une extrême attention aux équilibres des tessitures. Ainsi le Prélude en do dièse majeur déroule ses figures luthées dans une atmosphère rêveuse mais bien ancrée sur la basse, le thème bondissant de la Fugue en ré majeur exploite la vie de la note plutôt que son attaque et rend le contrepoint souple et expressif

 

Une alternative très tentante à l'intégrale de Christine Schornsheim gravée en 2010‑2011 sur un autre instrument exceptionnel, le Ruckers de Colmar (Capriccio cf no. 599). La palette de touchers fait sensiblement pencher la balance vers le plus francophile des clavecinistes américains.

 

Fermer la fenêtre/Close window

 

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews