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Diapason # 649 (09/2016)
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Harmonia Mundi 
HMC902241 




Code-barres / Barcode : 3149020224120

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin


En 1981, Philippe    Herreweghe (HM) révélait les splendeurs de la musique de Du Mont, chargé de pourvoir entre 1663 et 1682 aux offices en présence   du roi alors que la cour, itinérante, n'était pas encore installée à Versailles.

Sébastien Daucé reprend le même encadrement (Memorare de 1672 et le Super flumina Babylonis ultérieur) mais pour un programme qui entrelace d'autres « grands motets » ainsi que des motets en formation réduite, d'un tour plus intime mais surtout invocatoire et suspensif, rassemblés sous le terme d'élévations en référence aux moments liturgiques d'adoration.

Le nouvel album expérimente plusieurs formules instrumentales en réponse aux problèmes posés par la publication posthume des cinq grands motets, en 1686 (la notice de Thomas Leconte en explique le détail). Alors que Philippe Herreweghe, comme Philippe Pierlot (Ricercar), s'en tenait aux cordes, avec des pupitres étoffés, Sébastien Daucé ne conserve qu'un archet (violons et violes) par partie mais y joint deux flûtes et un basson. Le climat sonore s'en trouve d'autant plus changé que l'ensemble Correspondance, onze voix contre le double chez Herreweghe, se montre plus incisif, plus ductile dans les dispositions métriques, exaltant la plénitude des frottements harmoniques et le dialogue voix‑instruments.

Dans la conclusion du Super flumina, la dilatation du corps sonore sert une scansion solennelle du texte, visant l'auditeur comme sujet à conquérir, quand Herreweghe cultivait la majesté du lointain. Les versets, ici enluminés par le clavecin, cherchent d'autant moins le déploiement d'une mélancolie sublime que les solistes n'ont nullement le coloris méditatif, intensément poétique, d'un Henri Ledroit, d'une Guillemette Laurens. Deux visions en somme, la nouvelle plus rhétorique (détachant les mots dans « Memor esto »), l'ancienne plus veloutée et mystérieuse.

Dans la dévotion mariale de Memorare ou O dulcissima, ne manque‑t‑il pas je‑ne‑sais‑quoi pour l'onction, le recueillement ? O mysterium montre à quel point la force architecturale et dynamique de l'ensemble se tourne en illumination. O aeterne misericors Deus fascine par le mélange d'une extension linéaire et d'un effet de spirale induit par le ressassement du vocabulaire de l'éternité.

Quant aux Elévations, admirons la beauté des étagements sonores, l'austérité enveloppante de la basse Nicolas Brooymans dans le nocturne Sub umbra, la manière dont les voix féminines graves, où se reconnaît le timbre rare de Lucile Richardot, pigmentent la clarté de sopranos diversement séduisantes. Un apport notable à la discographie de Du Mont.

 


   

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