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Diapason # 660 (09/2017)
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Code-barres / Barcode : 3760014192852

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Analyste: Jean‑Luc Macia

Jeremiah Clarke, nous l'avions découvert à une époque (les années 1960) où Maurice André façonnait des programmes mettant en valeur son instrument royal: il s'agissait d'un bref et clinquant Trumpet Voluntary. L’ami Jean‑Charles Hoffelé a eu raison de nous rappeler dans le précédent Diapason que Clarke, qui s'est suicidé à l'âge de trente‑trois ans, était un compositeur d'une autre eau. En témoigne, écrivait‑il, cette Ode conçue pour l'enterrement, tout aussi prématuré, de son modèle, le génial Purcell.

Quelques années après la gravure de John Goodman (Hyperion), Vincent Dumestre vient confirmer l'originalité d'une oeuvre qui, passé le fracas des trompettes et une ouverture que Le Poème Harmonique traduit avec infiniment de subtilités, propose une pastorale enjouée (Viens, viens danser ... car c'est la fête des bergers) où Les Cris de Paris font une entrée fracassante. Puis tout se... fracasse (« Bergers, brisez votre voîx ») avec l'annonce de la mort de Stephon ‑ comprenez Purcell - que l'on va pleurer et glorifier. Ce récitatif mélancolique et ses vocalises affectées~ dessinent un changement d'atmosphère que Dumestre et son équipe suggèrent avec tact; les lignes vocales du choeur se superposent et s'entrelacent avec une perfection technique qui n'exclut pas des frémissements poignants. Tous sont invités à briser Ieurs flûtes... qui reviendront pourtant renforcer un climat d'une beauté évanescente derrière les voix des Cris de Paris. On en oublie les maladresses de Clarke (les accents parfois convenus des trompettes) pour se régaler des surprenantes dissonances réclamées par le livret (l'harmonie elle-même gît morte, tout est désaccordé dans la sphère la plus divine) et jouir du talent trop parcimonieux de cet organiste du Winchester College.

Nous pénétrons ensuite en terrain plus connu. Pour les Funeral sentences de Purcell jouées lors des obsèques de cette chère Queen Mary Il entrecoupées de pages instrumentales à la grandeur antique (cornet et sacqueboute obligent), magnifique leçon de poésie funèbre sans affectation, nous disposons déjà de multiples lectures recommandables, à commencer par les Diapason d'or de Gardiner (1977, Erato) et Herreweghe (1993, HM). Le Poème Harmonique et Les Cris de Paris ne déparent pas dans cet environnement prestigieux. Une compassion mesurée dans la déploration nous conduit sur des cimes tandis qu'on est subjugués par l'entrée fervente des solistes dans « ln the Midst of Life ». Non que le quatuor d'aujourd'hui nous fasse oublier Felicity Lott, Charles Brett et Thomas Allen (quelle équipe!) mais sa fluidité expressive et son homogénéité nous touchent au plus pro­fond de l'âme.

La tristesse évacuée, voici venu le temps d'accueillir tous les plaisirs avec l'Ode pour la Sainte‑Cécile du 22 novembre 1683, la première écrite par l'auteur de The King Arthur. Avec des attaques robustes sans agressivité, un discours à la fois souple et varié, une joie idéalisée mais aussi un sens de l'élégie caressante (plage 18), Dumestre confirme sa sensibilité purcellienne.


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