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Diapason # 648 (07-08/2016)
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Arcana 
A396




Code-barres / Barcode : 3760195733967

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Sophie Roughol

La résurrection des oratorios de Stradella (il en subsiste six sur les huit écrits entre 1667 et sa mort tragique) est LE feuilleton baroque du moment. Réjouissons‑nous, il reste encore trois épisodes à suivre. Le forze delle stelle (Cinq Diapason, cf no 628) dissertait sur l'amour profane. San Giovanni Crisostomo (Cinq Diapason, cf. n° 640) conciliait théologie et sensualité. Le troisième, a priori moins séduisant par la modestie de l'ensemble instrumental (un simple groupe de continuo soutenant le chant) jouit d'une réalisation aussi intègre et raffinée. Stradella a‑t‑il renoncé aux parties de cordes ? sont‑elles perdues

Mystère.

La tâche d’Andrea De Carlo n'était pas évidente: le livret de Lelio Orsini pour Santa Editta ne repose sur aucun argument dramatique, ne suscite aucun alanguissement poétique. C'est une stricte discussion académique entre Edith de Wilton, nonne et fille du roi Edgar le Pacifique au Xe siècle, refusant la couronne d’Angleterre à la mort de son père, et les personnages allégoriques de l'Humilité, la Grandeur, la Beauté, la Noblesse et le Sens (nous dirions les Sens).

Épousant le parcours d'Edith (un dépouillement progressif), la partition pour voix et basse continue abandonne les ritournelles et privilégie l'éloquence de récits fermes et sans sophistication. Un continuo fourni (violes de gambe, violone, violoncelle, archiluth, théorbe, harpe, clavecin et orgue) se fait complice de la fermeté d'âme éloquente de la sainte comme de ses doutes, et soutient ses contradicteurs. À la fois somptueux et concentré, l'accompagnement ne se substitue pas au texte, ne l'enrobe pas sous une ornementation hors sujet, dans un parti pris d'honnêteté qui n'est pas toujours de mise aujourd'hui. L’écriture de Stradella fait le reste : luxuriante, nerveuse, concentrée.


Le plateau vocal est idéalement cohérent: la clef de voûte en est Editta, incarnée par Veronica Cangemi. L’aigu et l'agilité la trahissent parfois, mais on n'en a cure, tant la déclamation est impériale et l'investissement profond. A ses côtés, Sergio Foresti, graves charnels jamais arrogants, l'excellente Francesca Aspromonte et son élégance radieuse. Il faut surtout découvrir l'étonnante alto Gabriella Martellacci, assumant des graves abyssaux, émission directe rivée au texte.

 

 

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