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Diapason # 627 (09/2014)
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Code-barres / Barcode : 0028947920502 (ID424)

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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Gaëtan Naulleau

Le Concerto Köln, défricheur dès ses premiers disques d'un « théâtre symphonique » prémozartien, nous devait un album Carl Philipp Emanuel Bach pour l'anniversaire. Pablo Heras‑Casado, un pied chez les modernes, l'autre chez les baroques, virtuose chez les deux, avait tout pour le chauffer à blanc dans les Symphonies à douze parties par exemple. Les décideurs d'Universal ne l'ont pas entendu ainsi. Pressés de se remettre dans la course de la musique ancienne et de relancer Archiv à moindres risques, ils ont misé sur le nom de Farinelli (1705‑1782). Sans chanteur, ce qui est assez gratiné ‑ ou quasi, avec Bejun Mehta pour deux plages. Projet bancal mais programme superbe. Le musicologue Olivier Fourès a sorti de sa besace des inédits de choix et s'est accommodé librement du « Maestro Farinelli ». Voici, tout naturellement, le maître Porpora (l'inévitable « Alto Giove ») et le collaborateur Hasse (une symphonie plus vivaldienne que nature), voici De Nebra et quelques Italiens installés à la cour d'Espagne pour évoquer la retraite madrilène, voici Traetta, disciple lui aussi de Porpora. Pourquoi pas Jommelli, « puisqu'il fut le plus influent compositeur lyrique de l'époque ». Et tant qu'à faire Carl Philipp Emmanuel Bach, dont la symphonie berlinoise en mi mineur porte le sous‑titre « Fandango » (que nous n'avions jamais rencontré auparavant, soit dit en passant). Des libertés pour un programme conduit avec sens du timing impeccable: l'Ouverture d'un certain Nicola Conforto (napolitain installé à Naples en 1755) sonne brillamment le départ, le ballet sans façon de Corradini permettra de reprendre son souffle après les sautes d'humeur de Carl Philipp, des séguedilles en guirlande claqueront du talon après les béatitudes d'« Alto Giove » (noblement senti par Mehta, mais orné sans idée au da capo).

Si tout s'enchaîne aussi bien, c'est aussi grâce au métier d'Heras‑Casado. Cela fait longtemps que nous n'avions pas entendu le Concerto Köln à ce niveau, sans systématisme dans les contrastes, sans dureté dans les accents vifs. Sûr de ses effets, le virtuose espagnol attise l'Ouverture trépidante d’Armida (Traetta) avec un brin de décontraction épatante, danse en grand d'Espagne les séguedilles et un dialogue de zarzuela (Mehta en re‑recording sur fond de castagnettes). Arrondir légèrement les angles au profit du rebond, sans rien perdre de l'énergie ? L’orchestre ne demande pas mieux. La symphonie tourmentée de Carl Philipp tient toutes ses promesses, et nous ramène à la case départ.
 

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