Réédition en un coffret des trois opéras de Monteverdi par Harnoncourt, enregistrés en studio de 1968 à 1974, événements

fondateurs de la Baroquie.

Tel Ulysse qui sut par son intelligence rusée entrer dans Troie... puis fit un si beau voyage, le découvreur et bâtisseur d'empire Nikolaus Harnoncourt est de retour dans les bacs avec un coffret de 9 CD réunissant les trois « opéras » de Monteverdi (L'Orfeo de 1968, Y Ritorno d’Ulisse en 1971 et L'Incoronazione di Poppea en 1973‑1974), le tout enregis­tré en studio. Même s'il y eut depuis une bonne quarantaine d'années de plus luxuriantes et de plus parfaites versions, c'est à ces premières interprétations « Historiques » avec leurs partis‑pris que l'on revient toujours, avec leurs couleurs inimitables, leur théâtre merveil­leux et leurs personnages habités, d'un souffle unique qui tient de la magie. L'art du clair­ obscur de Nikolaus Harnon­court et du Concentus Musicus Wien trouvait ici ses premiers chefs‑d'oeuvre.
 

Prioritaires et incontournables, ces interprétations légendaires inaugurèrent la révolution « baroqueuse » tout en consacrant de

très grandes voix dans ce répertoire; de quoi achever de convaincre les plus allergiques à Monteverdi ! Qu'on en juge plutôt : Elizabeth Sôderström, Philip Langridge, Paul Esswood, Helen Donath, Lajos Kosma...

En bonus, hommage est rendu à la messagère de malheur (L’Orfeo) et l’impératrice déchue: « Cathy Berberian sings Monteverdi » (1975), reprenant des extraits de L'Orfeo et du Couronnement de Poppée, complétés par le Lamento d'Ariana, la Lettera amorosa et le Concerto pourvoix et instruments « on che soavita ». Celle qui était alors la coqueluche de l’avant‑garde (et épouse de Luciano Berio) abordait ces pages   vieilles de plus de 400 ans avec la même fraîcheur et la même liberté que s'il s'était agi de musique contemporaine; vraiment indémodable!

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