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Diapason # 660 (09/2017)
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Harmonia Mundi
HMM902279



Code-barres / Barcode : 3149020227923


Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

« Amour, brûlant amour, pourras‑tu te contraindre ? Ah! Que le tendre Orphée est à craindre. » Se risquera‑t‑il en effet, sur le chemin qui le ramène des Enfers à la lumière et que suit Euridice, à se retourner malgré l'injonction de Pluton ? Nous ne le saurons pas au terme de l'opéra en deux actes (les noces/les enfers) chanté chez mademoiselle de Guise en 1687 ‑ année où Lully expire.

Oeuvre incomplète ? On pourrait le croire si le dernier tableau ne brillait pas d'un équilibre aussi savant qu'une toile de Poussin : le retour d'Orphée au bonheur fait pendant aux regrets de Tantale, Ixion et Titye, dont son art avait pu suspendre un moment les douleurs infernales. Charpentier, prodigue en lamentations dans ce bijou d'une heure environ, préfère alors tisser entre les trois suppliciés et quelques ombres un dialogue suave, d'une majesté sereine, jusqu'aux derniers vers fixant le nouvel ordre des choses : « Tant que nous garderons un souvenir si doux, Le bonheur des enfers rendra le ciel jaloux. » Ode à la Musique et à la mémoire entremêlées : imagine‑t‑on plus beau symbole, suivi seulement d'une sarabande dansée par Ies fantômes.

Sébastien Daucé s'attachait déjà dans son précédent disque aux grands divertissements scéniques que Mademoiselle donnait chez elle chaque année, avec une dizaine de chanteurs et un peu moins d'instrumentistes (Pastorale de Noël, cf. no 652). Prolongement naturel, la Descente d'Orphée aux enfers bénéficie du petit supplément de souplesse qui nous manquait alors, malgré le perfectionnisme éminemment subtil de Correspondances. À nouveau, Daucé ajuste le moindre ressort musical, extérieur à toute facilité qui pourrait noyer la beauté du « coup de pinceau » (il se garde par exemple du sfumato que William Christie met aux trois violes escortant Orphée); mais la musique respire davantage, et les personna­lités vocales sont moins corsetées par la mesure. La pulsation dramatique nécessaire pour unifier le kaléidoscope est impeccable ‑ virages serrés car, de la morsure fatale à la déploration d'Orphée sur la dépouille d'Euridice, le destin frappe en à peine six vers et une minute.

Ce serait un Diapason d'or, et une réussite majeure dans ce répertoire, si l'équipe vocale n'avait une faiblesse. Une seule, certes, à côté de quatre sopranos épatantes, mais saillante: le rôle‑titre. Christie (1995, Diapason d'or) pouvait compter sur un Paul Agnew imparfait de texte et parfois appuyé dans son pathétisme, mais fort d'une autorité poétique et d'un rayonnement interdits à Robert Getchell : un premier degré benêt, invraisemblable devant Pluton, nous raconte tout sauf le pouvoir surnaturel du chant. Homogène et claire (malgré quelques voyelles étranges, comme ces « eu » trop fermés), sa voix ferait un berger candide.

Christie ou Daucé ? Le choix, assez simple malgré les immenses vertus du nouveau venu, risque de bientôt se compliquer, avec l'arrivée de Cyril Auvity et Reinoud Van Mechelen.


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