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Diapason # 628 (10/2014)
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Code-barres / Barcode : 0680569884596

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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Gilles Tordjman

Il n'est pas exagéré de voir en Francesco Canova da Milano l'égal d'un Michel‑Ange, son contemporain. Pas moins de quarante publications imprimées assurèrent la gloire posthume du « divino » Francesco qui finit sa carrière au service du pape Paul III, et Pontus de Tyard lui consacra quelques lignes dithyrambiques dans Solitaire second ou prose de la musique (1555).

Il Divino n'oeuvra pas en révolutionnaire et sa production, répartie en ricercari, fantasias et adaptations de chansons ou de motets, ne s'éloigne guère des canons établis par son aîné Francesco Spinacino, auteur des premières tablatures de luth imprimées en Italie. Sa singularité réside plutôt dans un art polyphonique porté à un degré d'exigence, d'équilibre et de concentration sans précédent chez les luthistes: un art très formel (Da Milano ne s'illustre pas dans le domaine des danses prisées par ses collègues) et parfois ludique, par l'aisance du déploiement des deux ou trois lignes combinées. Son exploration toujours inventive de la polyphonie dans les strictes limites de l'instrument est la marque d'un authentique génie, qui avait déjà trouvé deux interprètes à sa mesure avec Hopkinson Smith (Naïve, 2008; Diapason d'or) et Paul O'Dette (HM, 2013).

Nigel North, déjà auteur d'une estimable intégrale Dowland (Naxos, 2009), a dû mesurer la difficulté de livrer sa lecture des pièces de Da Milano après de telles réussites, mais il a d'autres arguments à faire valoir. Là où O'Dette enchantait par son autorité rythmique et un « grand son » qui favorisait les lignes de ténor, là où Hopkinson Smith préférait l'onirisme et le jeu sur les plans et les couleurs, North concentre ses efforts sur une polyphonie très organique et un toucher clairement articulé. Les syncopes, dont Da Milano nourrit, souvent le contrepoint, sont accentuées avec un swing naturel. Les ricercari, qui se distinguent des fantaisies par leur élaboration plus spéculative et des procédés d'imitation moins stricts, bénéficient à plein de cette attention au détail. Une vision très apollinienne d'un piller du répertoire de luth, qui ne doublonnera assurément pas avec celles de Paul O'Dette et de Hopkinson Smith.

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