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Diapason # 639 (10/2015)
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Atma
ACD22645




Code-barres / Barcode : 0722056264525

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

L’ample diversité des propositions sur l’Art de la fugue parue depuis cinq ans témoigne de la bonne santé d la musique ancienne. Les violes formalistes de Sit Fast (Eloquentia), l'orgue musclé, sans halo, de Léon Berben (Ramée), le film testamentaire de Musica Antiqua Köln (DVD Berlin Classics) et l'orchestration de l’Akademie für alte Musik Berlin (inspirée par celle de Scherchen mais sur un tout autre terrain stylistique HM) ont tracé des chemins qui n'appartiennent qu'à ces musiciens. Certes, celui de Sit Fast prenait son départ au même point (distanciation transparence) que leurs collègues de Fretwork (HM, sinistre), mais il s'en écartait par la sensibilité autant qu par la finesse du trait.

 

Aux violes encore, la manière des Voix humaines est aussi étrangère à cet épure qu'à la somptueuse « néo‑Renaissance » idéalisée par Hespérion XX (Alia Vox). Elle évoque plutôt l'exemple de Goebel, par l'évidente volonté de rendre au contrepoint sa vigueur dialectique : les voix ne s'imbriquent pas dans un éden polyphonique mais surenchérissent et ripostent, elles n'imitent pas pour se couler dans un moule mais pour avoir le dernier mot. Ce que Goebel et les siens obtenaient avec une cohérence fantastique du geste instrumental, quand le dialogue intrépide et batailleur des violes canadiennes se disperse dans une lecture partout ébouriffée d'accents escarpés et de sauts dynamiques du piano au forte. Chaque contrepoint s'en trouve fortement caractérisé dès les premières mesures mais rapidement saturé.

 

Le pauvre auditeur y perd vite ses moutons ; l'oreille, interpellée par mille gestes plutôt que guidée par quatre voix rivales, désespère. A quoi bon par exemple jeter tant d'énergie sur le trille du sujet, dans le premier contrepoint ? Au lieu de galber le thème sur son pic de tension, l'ar­chet le rompt. A quoi bon souligner une progression régulière avec une alternance de forte et piano au ténor (plage 3) au lieu de clarifier la tex­ture par sa conduite unifiée vers le sommet (comme le ferait tout claviériste) ?

 

Goebel prenait soin d'intercaler contrepoints au(x) clavecin(s) et aux archets, et Savall opposait au consort un ensemble de vents. Ici, l'écoute continue aux violes, les ronflements de la basse (dans une église ... ), les aigreurs et les incertitudes du dessus surexposé dans un exercice contre nature menacent sans répit. On sort du labyrinthe avec un sacré mal de tête, mais souriant. Car l'esprit d'aventure a toujours de quoi réjouir, qu'il mène au nouveau monde ou à une impasse exaltée.

 

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