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Diapason # 618 (11/2013)
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Alpha
 ALPHA193



Code-barres / Barcode : 3760014191930 (ID396)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Roger-Claude Travers
 

Longuement mûri et enrichi par l’expérience des concerts (le Volume II est en gestation), l’enregistrement sur deux ans de L’estro armonico par Café Zimmermann tient du processus saturnien. D’une extrême propreté formelle, subtile et réfléchie, cette version de familiers de Bach déçoit pourtant. Qu’ont donc voulu exprimer Pablo Valetti, Céline Frisch et leurs compagnons dans cette approche réservée et sans joie ? Imaginer la réception en terres luthériennes de ce recueil révolutionnaire, décortiqué jusqu’à l’abstraction par un Bach soucieux d’en restituer la logique dans ses transcriptions pour clavier?

Le commentaire iconoclaste de Roland de Candé, dans son irremplaçable biographie vivaldienne, me revient en mémoire à l’écoute du célèbre dixième concerto, pour quatre violons. « Indifférent à la sensualité instrumentale de ses modèles, à la souplesse des lignes, à la transparence des sonorités, Bach a génialement trahi Vivaldi : d’une oeuvre polychrome, il a donné une brillante interprétation en noir et blanc... » Dans le Larghetto, par exemple, où la diction très articulée des violons restitue lisiblement les figurations dynamiques sophistiquées, les Zimmermann sont à l’aise. De même que dans le second Allegro contrapuntique du onzième concerto, ou dans la belle mécanique orchestrale du huitième, avec un dosage précis entre les audaces rythmiques et la juste tension dramatique. Dès que la phrase vivaldienne suggère au soliste de quitter la confortable humilité du groupe pour chanter librement, l’ennui guette. Ecoutez Pablo Valetti dans le premier mouvement du Concerto n° 12, pour violon soliste. La technique d’archet imperturbable sollicite des diminutions savantes mais n’émeut guère.

Supplions Amandine Beyer et ses Incogniti de se pencher sur un recueil aussi célébré en son temps que l’Opus 6 de Corelli, dont elle vient d’offrir une lecture pérenne. Une place reste à prendre dans la discographie de L’Estro armonico après les réussites de Pinnock (grand classique, Archiv) et Dantone (Arts).

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