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Diapason # 618 (11/2013)
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Code-barres / Barcode : 5099993414920 (ID399)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Gaëtan Naulleau


UN HORIZON SEREIN

Difficile de ne pas être sous le charme tout au long de cette visite guidée de l’opéra ramiste. Charme d’un timbre svelte mais pulpeux de soprano léger, d’aigus flûtés, d’une déclamation nette et nuancée, d’une simplicité d’effets qui repose sur l’instinct autant que le métier, ne nous y trompons pas. Quelques notes a cappella d’une « brunette » (glissée plage 2 entre Les Sauvages et l’Ouverture de Pygmalion) suffisent pour que Sabine Devieilhe s’illumine avec la grâce des fausses bergères de Watteau. Elle sera bientôt émoustillée à la vue d’un jouvenceau (« Est-il beau » des Paladins), impatiente d’être langoureusement enchaînée par l’hymen (air de Phani, des Indes), inquiète de ses premiers émois sur une musette de Naïs, anxieuse des mêmes chaînes dans le tableau spectaculaire des Boréades « Un horizon serein ».

On lui sait gré d’éviter les roucoulements trop attendus des « Rossignols amoureux » au pro- fit du rare « Pour voltiger dans ces bocages » des Paladins, délicieuse ode au batifolage, irrésistible duo avec Samuel Boden. Aimery Lefèvre, non moins remarquable, les rejoint dans le finale des Incas. C’est que l’éditeur a mis les petits plats dans les grands (choeur, orchestre conséquent, trois inédits) pour marquer les débuts discographiques de la jeune femme.

DEMAIN, BASTILLE...

On aime, donc on s’inquiète. On jalouse. Et demain ? Rameau ? Assez peu malgré les festivités de 2014, plutôt Eurydice (à Bruxelles) et Lakmé, rôle dans lequel on la sait déjà merveilleuse, et qui ne devrait guère l’éprouver à l’Opéra-Comique. Mais demain, c’est aussi la Reine de la nuit dans la vaste chambre froide de Bastille. Et bientôt gageons-le, les plus grands théâtres la réclameront en Olympia, en Anina, certains lui proposeront forcément (les pires idées sont prévisibles) des Traviata. Demain, ils seront nombreux à tenter d’en faire une nouvelle Dessay — il n’aura échappé à personne que le disque tombe a 1’heure ou 1’aînée prend congé de l’opéra. Faisons pourtant confiance à une musicienne qui semble consciente de ses (immenses) possibilités comme de ses limites. Se méprend- elle en abordant les « Tristes apprêts » de Télaïre endeuillée ? Devieilhe n’en possède ni la gravité ni la tessiture, mais elle ne triche pas : sa dignité, sa concentration lui permettent d’en sortir la tête haute. On admire dans l’air trompettant des Indes la virtuose qui ne force pas le brillant. Et les larmes de Zélidie (Zaïs) sont si joliment perlées qu’on s’y laisse prendre. Alexis Kossenko prodigue avec son jeune orchestre les accents, les tensions, les respirations nécessaires. Le geste du chef et la matière instrumentale s’affirmeront ; déjà l’intelligence des caractères (quel programme, quels enchaînements bien pensés !) force le respect.

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