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Diapason # 616 (09/2013)
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Ricercar
RIC335



Code-barres / Barcode: 5400439003354 (ID335)

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Appréciation d'ensemble:
Analyste:  Denis Morrier
 

En1578, Hernando de Cabezon, réunissait les compositions de son père dans un volume monumental imprimé en tablature. Cet ouvrage didactique pour « le clavier, la harpe ou la vihuela » était destiné aux « religieux et religieuses [pour] oeuvrer dans cet art à seule fin de louer le Seigneur ». Le Obras comprennent principalement des pièces contrapuntiques, en style sévère, sur des cantus firmus liturgiques. Elles proposent ensuite des chansons et des motets, empruntés à des auteurs célèbres (Josquin, Lassus, Rore, Willaert...), que l’organiste aveugle avait ornés de diminutions virtuoses. Elles s’achèvent par des differencias (variations) sur des thèmes connus.

De 1995 à 2010, Claudio Astronio a gravé de ces Obras une intégrale aussi intelligente que séduisante, égrenée d’abord chez Stradivarius, puis achevée pour Brilliant Classics, qui publiait un coffret de sept CD (cf no 610). Denis Raisin Dadre propose aujourd’hui une sélection de pièces puisées dans les dernières parties du recueil, qu’il présente en regard des chansons originales. Une harpe (ou une épinette) et un luth apportent alors leur soutien au soprano clair et radieux de Clara Coutouly. Raisin Dadre, comme hier Astronio, a reconstitué à partir des tablatures de Cabezon des polyphonies susceptibles d’être interprétées par des ensembles d’instruments monodiques. Il les a judicieusement confiées à des groupes de bassons, de flûtes, ou des panachés de bassons et de cornets éventuellement renforcés par un trombone, pour mieux évoquer la tradition des ministrelles, ces bandes d’instruments à vent qui participaient autrefois aux offices religieux et aux cérémonies publiques de la cour d’Espagne.

Il en résulte un très agréable programme, aux couleurs riches et variées, par une pléiade d’interprètes de premier plan: on saluera, outre l’excellence habituelle des vents réunis autour du flûtiste-directeur, l’articulation raffinée d’Elisabeth Geiger sur l’épinette, les délicates interventions d’Angélique Mauillon à la harpe et les savantes réalisations de Pascale Boquet au luth. Cette anthologie suave autant que réjouissante de chefs-d’oeuvre de la Renaissance européenne, revisités par un des plus éminents maîtres du Sigle d’Oro, fait jeu égal avec le disque superbe de Piffaro paru il y a quinze ans (« Los Ministriles », Archiv).

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