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Diapason # 651 (11/2016)
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Analyste: Sophie Roughol

 

De Vivaldi à Saariaho, du Barock façon Pluhar à Fauré et Ferré, Philippe Jaroussky a longtemps fait le grand écart sans prendre appui sur la musique de Bach ‑ domaine protégé, pourtant, des contre‑ténors. Il n'avait laissé au disque qu'un Esurientes, absolument divin, du Magnificat (avec Emmanuelle Haïm, Virgin). Son premier récital dans la langue de Goethe nous fait entendre un allemand surveillé et plausible.

Ces quatre cantates ‑ deux célèbres, deux rares ‑ sont unies par la thématique de la mort confiante du croyant. Seule la BVW 170 est originellement pour alto : beau texte de Lehms sur le désir du Ciel qui habite toute âme. Difficile de commenter précisément l'apport du Freiburger Barockorchester, mis à l'écart par les micros au profit d'un soliste très en avant – le décalage qui s'instaure n'est pas seulement un déséquilibre de présence, mais de définition entre l'orchestre flou et la voix saillante. La musique de Bach profite, au contraire, quand les prises de son savent traduire la densité de dialogue et de polyphonie. Les enluminures du hautbois dans lch habe genug (Ann‑Kathrin Brüggemann, excellente) et l'orgue concertant de la BVW 170 (Juan de la Rubia, non moins excellent) en pâtissent moins que les cordes.

A l'inverse de la détresse tragique d'une Lorraine Hunt ou d'une Janet Baker, aux antipodes aussi de la détermination suicidaire d'un Philippe Hunttenlocher (version pour baryton, avec Harnoncourt), le premier air d'Ich habe genug distille une mélancolie suave ‑ un Andreas Scholl, dans la même optique, galbait des phrasés plus denses. Dans l'air central « du sommeil », les contre‑ténors ont souvent prisé des tempos très larges: 10' 08" pour Scholl, 10' 49" pour Jacobs (aidé en cela par la qualité coloriste de l'Ensemble 415), aujourd'hui 10' 40" pour un Jaroussky cherchant des couleurs contrastées au fil des harmonies, opalines ici, plus brillantes là. L'impatience du croyant à quitter le monde lui inspire des accents beaucoup plus théâtralisés qu'à la plupart de ses collègues ‑ la tessiture grave ne l'aide pas, ni l'orchestre en pilote automatique, décidément châtré par les micros (à tel point qu'il perd toute présence quand il joue piano au centre de l'air).

Pourquoi alors Cinq Diapason, direz-vous ? Pour les deux cantates de la Passion de Telemann (à l'origine pour basse). Dans la bouleversante Der am Ölberg zagende Jesus, Jaroussky trouve un ton plus juste. Au jardin de Gethsémani, deux arias de Jésus lui‑même sont encadrées des trois récits et de l'aria conclusive d'un narrateur contemplant le sacrifice suprême. Enfin Jesus liegt in letzten Zügen, dont l'orchestration plus riche inclut basson et flûte, est une longue méditation sur l'instant de la mort qui s'achève par une aria presque enjouée. Ne cherchons pas ici de terreur viscérale : les textes disent la mort sublime et espérée, la lumière de l'après. L'intelligence et l'instinct de Jaroussky, sa grâce innée, son legato, ancrent résolument le récit du coté lumineux de la force.

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