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Diapason # 662 (11/2017)
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Arcana
A436




Code-barres / Barcode : 3760195734360(ID616)

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Analyste: David Fiala

 

Nouveauté en France, à prix fort, mais réédition en vérité. Arcana nous rend une des plus marquantes « superproductions » de musiques anciennes (avant 1600 et l'opéra), à ranger près des entreprises les plus ambitieuses de McCreesh, Savall ou de l'orchestra of the Renaissance. Dans la lignée de sa grandiose reconstitution du couronnement de Charles Quint à la basilique San Petronio de Bologne en 1530 (« Gombert, A la coronation », 1998), Paolo Da Col rassemblait en 2005 trois formations pour célébrer le fastueux paysage musical de Milan dans les années 1470: les douze chanteurs masculins d’Odhecaton, l'organiste Liuwe Tamminga, un groupe de sept trompettes plus timbalier pour sonner les fanfares, quatre piffari (hautbois et trombones) et un quintette de bas instruments (cornet, luth, harpe et vièles de l'excellent groupe La Reverdie).

L’enregistrement a paru en 2009 comme supplément du magazine italien The Classic Voice, dans un livre‑disque joliment illustré de plus de trente pages de textes du musicologue Carlo Fiore, intitulé « La Milano degli Sforza ». Car le programme commémore la vie musicale de la cour de Galeazzo Maria Sforza, un des souverains les plus mélomanes de toute l'Histoire, tyran assassiné en 1476 sous les yeux des chantres franco‑flamands de sa chapelle qu'il avait recrutés à prix d'or. L’album est organisé autour d'une oeuvre singulière, d'un genre propre à cette cour: huit motets élaborés pour être chantés en lieu et place des différentes sections de l'ordinaire de la messe. Compère, probable maître de Josquin, y use d'un style assez simple et souvent poignant, qui culmine dans un extraordinaire motet pour l'élévation: l'énigmatique passage central semble sortir d'une danse de cour, ici jouée aux bas instruments, puis reprise avec les voix. Avec son apparat de sonneries de trompettes, les voix amples d'Odhecaton, l’orgue somptueux de San Petronio de Bologne, des chansons aux instruments et des motets de Van Weerbeke ou Agricola, autres compositeurs de la chapelle ducale, ce récital est à la hauteur de son objet: fastueux et fascinant.


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