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Diapason # 640 (11/2015)
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Alpha
ALPHA202




Code-barres / Barcode : 3760014192029

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Philippe Ramin

Programme original, très bien pensé. On n'insistera jamais assez sur les circonstances particulières ayant infléchi l'expression musicale allemande qui allait s'étendre sur l'Europe du XVIlle siècle. Frédéric Il avait l'idée d'établir une cour musicale des plus ambitieuses, servie par des compositeurs modernes alors même que ses goûts personnels demeuraient très conservateurs, du moins tournés vers l'art décoratif de Quantz, son maître de flûte. Le rapprochement de Carl Philipp Emanuel Bach, Graupner et Benda eut des effets puissants sur le langage musical et la facture instrumentale, au premier chef les claviers: les nuances dynamiques permises par les nouveaux pianofortes entraient au coeur de leur expressivité. L'album en convoque deux face à la viole de Lucile Boulanger, l'un d'après Silbermann, l'autre d'après Cristofori (les deux sont réunis dans le trio de Graun, où l'admirable Laurent Stewart rejoint Arnaud de Pasquale).

 

La sonate de C.P.E. Bach intitulée Conversation entre un sanguin et un mélancolique, à l'origine pour deux violons et continuo, trouve un arrangement subtil. L’oeuvre est emblématique d'une époque où le discours instrumental veut transmettre à l'auditeur des changements d'humeur rapides : les musiciens, en proie à un engagement saisissant, ne lésinent pas sur les effets. Les résonances libres du piano dans l’Adagio, déstabilisent l'harmonie, et évoquent véritablement quelque désordre nerveux. Le jeu robuste d’Arnaud de Pasquale, qui s'inscrit dans une rhétorique de l'urgence, répond à la virtuosité souvent enflammée de Lucile Boulanger.

 

Ils exhument une sonate de Hesse, brillant violiste également présent à la chapelle royale de Berlin. Ses récits, proches des Fantaisies de Carl Philipp ou de Wilhelm Friedmann, sont illuminés d'une intensité troublante ; ils étonnent autant que la sauvage exécution d'un Poco allegro vertigineux. Ce goût du risque

et cette matière sonore opulente sans répit jettent un regard nouveau sur un répertoire souvent traité avec une certaine distance dans l'implication instrumentale : ici le sujet exige de l'auditeur une participation émotionnelle permanente.

 


 

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