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Classica # 178 (12/2015)
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Alpha
ALPHA213



Code-barres / Barcode : 3760014192135

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Philippe Venturini

 

Le titre laisse deviner que Le Poème Harmonique entreprend ce voyage dans le dernier XVIe siècle, guidé par ce qui sera la carte du Tendre le siècle suivant. Ce parcours, balisé de quelques pièces instrumentales, se concentre en effet sur le sentiment amoureux, « indifférent et narquois, languissant puis désespéré, tantôt cruel ou agréable, tantôt supplice idolâtre ou pénitence délétère » comme le précise Vincent Dumestre. Du premier air « Hélas que me faut-il faire » de Girard de Beaulieu où se perçoit l'agitation que suscite une telle épreuve (« un adversaire qui tient fort dedans mon coeur ») au dernier, « Belle qui m'avez plus blessé » de Pierre Guédron, à l'humeur autrement plus languide, ce parcours fort intelligemment agencé réserve autant de surprises que de contrastes. Il ne faudrait pas imaginer une anthologie exclusivement galante, voire précieuse, signée par les plus grands poètes du temps, les Ronsard, Baïf et autres Du Bellay. Fidèle à ses principes, Le Poème Harmonique aime faire se croiser le savant et le populaire, et n'a pas hésité à retenir une chanson anonyme, « Allons vieille imparfaite », d'une drôlerie terriblement cruelle. L'air de la cour peut alors se charger des miasmes de la rue.
 

Musicalement, cette période de transition entre la fin de la Renaissance et le début du baroque, fait se côtoyer des styles variés, entre la chanson polyphonique et l'air à voix seule ou l'unisson. Comme à l'accoutumée, les chanteurs, en l'occurrence un quatuor, Claire Lefilliâtre, Bruno Le Levreur, Serge Goubioud et Marc Mauillon, trouvent toujours le ton juste, du cocasse (« Tant et tant il m'ennuye tant » de Pierre Guédron) au douloureux (« J'ayme trop mieux souffrir la mort » de Guillaume Costeley), et ils s'attachent à préserver l'intelligibilité des poèmes. L'ensemble instrumental, dominé par les cordes, procède de même : il enveloppe les voix dans un voile léger sans jamais les étouffer. La prise de son de Frédéric Briant restitue avec autant de finesse que de couleurs cette musique qui va droit au coeur. On rangera naturellement cette anthologie aux côtés de celles, tout aussi réussies, consacrées par Le Poème Harmonique à Pierre Guédron (Alpha, 2001) et Antoine Boesset (Alpha, 2003), convaincu que cette époque appelle d'autres visites.


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