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Diapason # 652 (12/2016)
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Harmonia Mundi 
HMW906103



Code-barres / Barcode : 3149020610329

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Benoît Fauchet

Le visage de Suzi Digby, très investie dans le dynamisme des jeunes ensembles vocaux outre‑Manche, et dans leurs projets pédagogiques que nous devons jalouser, est désormais familier à sept millions de téléspectateurs britanniques ‑ elle faisait partie du jury de l'émission Last Choir Standing. Les dix‑huit chanteurs de son jeune ensemble ORA consacrent un album bien pensé (mais mal enregistré, dans une réverbération plate) au dominicain Savonarole (1452‑1498). Précurseur des « réformateurs » à sa manière certes radicale, il dressa à Florence le « bûcher des vanités » pour y faire disparaître les miroirs, les cosmétiques, les jeux, et des œuvres jugées impies. Excommunié en 1497, après avoir dénoncé l'immoralité et la corruption de l'Église, il fut emprisonné et supplicié. C'est du fond de sa geôle qu'il allait dicter quelques textes extraordinaires, dont Infélix ego paraphrasant le Miserere.


Si Frère Jérôme honnissait la polyphonie, ses laudes ont été mises en musique par d'autres, parfois restés anonymes. Un certain anonymat, d'ailleurs, se dégage d'Alma che si gen­tile et de Che fai qui core ? ‑ ce que Giovanni Animuccia a tiré de lesù sommo conforto, flatte mieux le potentiel rebondissant d'ORA. Infélix ego a suscité chez Byrd une fresque aussi éprouvante pour ses interprètes qu'impressionnante pour ses auditeurs : Suzi Digby y signe une belle réussite, agençant avec soin les plans sonores et soutenant la tension sans jamais aucune crispation ‑ mais avouons qu'ici, la palette de Stile Antico et la manière plus incarnée de The Cardinal's Musick nous mènent encore plus loin.

Infélix ego revient aussitôt sous la plume d'Eriks Esenvalds (né en 1977). Sa partition à six voix charme par sa matière mutante, ses dissonances et ses résolutions, ses glissandos et ses tremblements. Autre jeu de miroir: le Miserere de James MacMillan fait pendant à celui d'Allegri, et conjugue avec maestria versets fleuris et affirmation psalmodique. L'extrême aigu est parfois fuyant, l'image sonore ‑ enrobée et polie ‑ pas toujours très connectée à l'enjeu textuel, mais cette alliance de la Renaissance et du récent nous invite à suivre avec intérêt l'aventure d'ORA.


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