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Diapason # 652 (12/2016)
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Analyste: Gaëtan Naulleau

Projet brillant : réunir deux bel cantistes aguerries dans le Sta­bat Mater où Pergolèse, en 1736, déclinait toutes les séductions du nouvel opéra napolitain. L'idée n'est pas neuve, direz‑vous : Freni et Berganza (duo à se damner malgré l'orchestre de plomb de Gracis, Archiv), Anderson et BartoIi (avec Dutoit, Decca) jalonnent gIorieusement la discographie. Mais les réunir, enfin !, devant un ensemble d'instruments anciens. La diva Yoncheva, Norma hors pair, et familière du vocabulaire baroque depuis ses jeunes années chez Christie et Haïm, promettait monts et merveille. Trouver une partenaire à sa mesure était une autre affaire.

Diapason d'or pour l'idée ! La méthode ? Hardie. Ni filet, ni chef, ni véritable orchestre (un groupe chambriste étoffé pour ce concert). Les cordes naviguent à vue, les unissons prennent l'eau, l'harmonie grince, la majestueuse trame de dissonances sur laquelle Pergolèse ouvre sa Pietà perd ainsi toute saveur ! Le mixage a beau chercher son salut dans une réverbération inédite sur la scène du Théâtre des Champs‑Elysées, comment ne pas être gêné ? Le manque de préparation n'épargne pas les caractères, anxieux ou agités, rarement soutenus.

Yoncheva, qui a donc autorisé la publication d'un brouillon, doit avoir une piètre estime du disque. On la maudit. Pour mieux la bénir dès qu'elle ouvre la bouche. Et encore à genoux quand elle dérape un instant, avec cette imperturbable volupté du timbre et du phrasé qui n'appartient qu'à de rares élues. Certaines phrases de Pergolèse, certaines tournures qui nous avaient toujours paru bizarres tombent sans un pli sur cette matière vocale opulente, où se fondent la séduction et le dolorisme. Fatalement, Karine Deshayes reste dans son ombre. 

Pergolèse, quand il leur confie à la suite une même phrase, est sans pitié. Terrible entrée du Quis est homo, où transparaît, comme au concours, tout ce qui sépare une superbe bel cantiste et la reine de cet art : la messa di voce libérée par un souffle sans fin, la vie animant chaque atome de la note, l'aisance du trille (que Yoncheva dessine parfois avec une nonchalance irrésistible), la coloration des voyelles (qu'elle laisse souvent rayonner sur des consonnes paresseuses).

Les compléments? Deux pages instrumentales garantes d'un minutage décent, voilà tout. Deux pots de fleurs, aussi charmants soient‑ils, disparaissent quand on les pose aux pieds de la Joconde. June Anderson, en 1993, avait pris le temps d'apprendre le Salve Regina en la mineur…


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