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Diapason # 664 (01/2018)
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Glossa
GCD922702




Code-barres / Barcode : 8424562227026

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction (Très approximatif)
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Analyste: Gaëtan Naulleau
 

Avant même le Prélude, quel signal nous envoie Sébastien d'Hérin avec cette «impro» de timbales, glissements chromatiques inclus ? Que l'heure n'est plus, en terre baroque, à une doxa paralysante ? Bravo. Que l'énergie du théâtre primera sur les demi‑teintes ? Pourquoi pas ! Qu’il peut avoir des idées terriblement naïves ? Aussi. Quel bénéfice pour ces timbales, dont la parade ruine l'effet des archets démarrant, ex nihilo, sur les chapeaux de roues ? Mystère. Purcell y annonce peut‑être la fuite des amants dans les bois, au début de la musique de scène insérée en 1692 dans une adaptation du Songe d'une nuit d'été.

Au rayon des licences, rangeons aussi les percussions que Les Nouveaux Caractères invitent dès le Hornpie (péroraison plus que ressort de la danse). La Chaconne y gagnera moins de fantaisie que de quincaillerie. Divertissant mais guère subtil, comme la variation en mineur. Purcell n'a jamais réussi aux interprètes qui dosent mal leurs effets. Autre bizarrerie, le solo instrumental (non précisé par le compositeur) de The Plaint revient, chose inédite, à une trompette. Qui fait ce qu'elle peut: bredouiller. «O let me weep!». Des pleurs, vraiment ?

Le caquetage du clavecin dans le prélude « des oiseaux » sera affaire de goût ‑ à ce jeu nous préférons la classe de Britten (Decca). On peine à savoir, dans cette Fairy Queen exempte de tendresse, si le problème vient d'idées sommaires (comme ce phrasé de violons au début du «Grateful Spring») ou d’un savoir‑faire pas encore assez sûr pour les traduire sans schématiser. Ainsi le joyeux n'est‑il souvent que vigoureux, et l'animé qu’agité. Dans le premier duo, la véhémence du chant laisse entendre deux rivaux Plus que deux amants tout empressés de partir ensemble.

Aucune des clefs de sol n'apparaît à son avantage ‑ et certainement pas la soprano qui agrémente « Hark ! the Echoing Air » d'une contre‑note hors sujet et d'ailleurs vilaine. Caitlin Hulcup, par sa distinction et sa précision, échappe à la nervosité qui menace ses trois consoeurs (et par conséquent le choeur). Pour une fois donc, honneurs aux messieurs, l’aérien Samuel Boden en tête. Rester aussi digne et souple, respirer large quand le continuo dépiaute chaque croche tient de l'exploit (« Come all, ye Songsters »). Son duo avec Anders Dahlin, même pris pied au plancher, est un bijou ; son air de l'Été affiche un vrai ‑ un rare ‑ sourire. Révérence également à Dahlin seul (« Yes Daphné », numéro de préciosité contrôlée) et à Frédéric Caton, dont le phrasé transfigure un « Cruel long Winter » moins senti côté cordes.

Ce n'est pas tout. Le chef aime tant manier le bistouri qu'il ne résiste pas à triturer «If Love’s a Sweet Passion», ce don du Ciel ! Il adapte pour voix d'hommes la strophe chorale qui reprend celle de la soliste: le sublime contrepoint que Purcell dessine au ténor se trouble et disparaît sous la ligne de soprano transposée à sa hauteur. Quelle idée... Malgré quelques perles et deux hautes‑contre de rêve, nous ferons donc passer ces Nouveaux Caractères après ceux qui, Gardiner et Christie en tête, mais aussi Dantone, Norrington, Harnoncourt Koopman, Britten et Lewis, nous ont transporté au royaume, si riche 'et si grand tel qu’il est, de la Reine des Fées.

 


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