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Diapason # 663 (12/2017)
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Harmonia Mundi
HMM902355   



Code-barres / Barcode : 3149020930823 (ID628)

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Sophie Roughol
 

En 1641, Monteverdi publie deux sommes testamentaires: côté profane, le Livre VIII de madrigaux ; côté spirituel, la Selva morale e spirituale, dont le titre souligne la foisonnante diversité des presque quarante pièces qui la composent. Trois décennies après le Vespro de 1610, la Selva présente le legs incomparable du vieux maître de chapelle de Saint‑Marc, qui s'y exprime dans tous les styles et les effectifs: motets solistes, imposantes polyphonies à double choeur, psaumes concertants, madrigaux spirituels, et une messe à quatre voix  d'obé-dience palestrinienne.

Comment aborder au disque un patchwork aussi imposant ? Trois CD bien remplis suffisent à engranger le tout: les intégrales ne manquent pas depuis celle de Corboz pour Erato. Très inspirées, toutes différentes, les équipes d'Elyma, d’Akadêmia, des Sixteen et de Cantus CölIn ont défendu le recueil avec un engagement splendide - La Venexiana restait quelque peu en retrait. Pablo Heras-Casado prend-il la relève ? Si l'éditeur ne précise pas qu'il s'agit là du premier volume d'un cycle, le partenaire principal du projet (le CNDM de Grenade) l'annonce clairement.  

Projet abouti et mûrement réfléchi par un chef dont la versatilité impressionne ? On nourrit quelques doutes. Le catalogue d'Harmonia Mundi comprend déjà l'intégrale de Cantus CölIn (et, soit dit en passant, la fantastique anthologie des jeunes Arts Florissants). La comparaison est tentante... Konrad Junghänel et le chef espagnol partagent un même souci de la cohérence globale dans le parcours morcelé des psaumes ou les changements de mesure des motets, leurs allures respectent le temps de l'oraison (à l'exception notable d'un Confitebor Il plus allant chez Heras-Casado). Autre point commun, des solistes (qui sont aussi les choristes) et des instrumentistes aguerris. Mais la plasticité du Balthasar Neumann a beau être exceptionnelle ailleurs, on regrette ici quelques voix solistes tendues, une virtuosité moins magnétique (« Et iterum »), et surtout, une aisance stylistique qui ne parvient jamais à égaler celle inscrite dans les gènes de Cantus CölIn. 

Autre vraie différence, la rhétorique moins incisive et transparente de Heras-Casado, cette prudence qui immerge les voix au sein du tissu instrumental (théorbes, trombones). La prodigalité des timbres pèse sur l'impact des contrastes métriques et des dessins polyphoniques. A l'oraison, certes un peu austère mais partout intense, ciselée par Junghänel, Heras-Casado préfère un rendu plus agréable et plus neutre, qui relègue au second plan la charge spirituelle des textes. L’éblouissement du programme Praetorius qui l'associait au même ensemble voici quelques années (Archiv, Diapason d'or) n'est pas tout à fait au rendez-vous.           


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