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Classica # 167 (11/2014)
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Harmonia Mundi
HMC902211


Code-barres / Barcode: 3149020221129 (ID466)

Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :
Analyste: Philippe Venturini
 

BACH AU RAYON DES CURIOSITÉS

Bien plus qu'une anthologie des plus belles pages de Bach, cette « Köthener Trauermusik » s'impose
par la puissance et l'intensité de son interprétation.

 

Cette Köthener Trauermusik se destine aux funérailles du prince Léopold d'Anhalt­Cöthen que Bach avait servi de 1717 à 1723. Le souverain meurt en novembre 1728 mais il ne sera inhumé qu'en mars de l'année suivante. Malgré ce délai de quatre mois, Bach, alors en poste à Leipzig, n'eut apparemment pas le temps d'écrire une cantate nouvelle et recourut à la parodie, piochant dans son important corpus de partitions. Si le texte de Picander, auteur de nombreux livrets de cantates et de la Passion selon saint Matthieu, a survécu, la partition a disparu. Depuis la fin du XIXe siècle, elle fait l'objet de nombreuses reconstitutions à partir de la Passion selon saint Matthieu et de l'Ode funèbre pour la princesse de Saxe Christian Eberhardine BWV98 pour des raisons de similitudes métriques. Restent cependant deux inconnues: la musique à choisir pour les dix récitatifs de cette cantate en vingt‑quatre numéros et pour le choeur (choeur parce que le texte dit « Nous avons un Dieu ». verset 21 du Psaume 68) qui ouvre et renferme la deuxième des quatre parties.

Si plusieurs versions circulent, une seule a été enregistrée par Andrew Parrott en 2010. Raphaël Pichon s'en distingue par l'effectif (dix‑sept chanteurs et vingt‑quatre musiciens et non un par partie), les tessitures, l'ordre et la référence à la Messe en si mineur (second Kyrie).

Il faudra bien sûr plusieurs écoutes (cf. l’entretien avec Raphaël Pichon) pour s'approprier cette nouvelle cantate et ne pas entendre l'Ode funè­bre ou la Passion selon saint Matthieu derrière cette Trauermusik, ne pas confondre « Erhalte mich » avec « Erbarme dich » ou « Zage nur » avec « Blute nur ». Cette gymnastique cérébrale accomplie, on apprécie alors une lecture particulièrement convaincue et conduite avec autant d'assurance (l’articulation des rythmes pointés du choeur introductif) que de souplesse (le début de la deuxième partie) dans un souci manifeste de clarté polyphonique et d'éloquence. Il faut également souligner la réalisation de chaque solo vocal et instrumental, comme l'homogénéité exemplaire de l'ensemble.

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