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Diapason # 629 (11/2014)
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Musica Ficta
 MF8019


Code-barres / Barcode: 5410939801923


Etcetera
KTC1912


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Analyste: Michel Laizé

Sa production très abondante et remarquable n'y fit rien : Jenkins, comme Lawes, fut éclipsé aux yeux des générations suivantes par l'astre Purcell. Joueur de luth et de viole, il écrivit essentiellement des pages mettant en jeu ces instruments au travers d'ensembles variés. Le consort de violes à quatre parties est le plus classique, tandis que les pièces à deux violes témoignent d'une influence italienne.

La guirlande à deux violes tressée par Wieland Kuijken et Roberto Gini offre un parfait exemple de musique de transition. Les Ayres and Divisions font encore référence à la manière ancienne d'orner une mélodie selon le principe de la diminution, fondamental pour les violistes au temps de Byrd et Bull ; les sonates, en revanche, adoptent le modèle italien avec en plus de la basse d'archet un remplissage harmonique. Pour les airs diminués, la technique de la viola bastarda est préconisée, c'est‑à‑dire une façon d'orner la polyphonie en passant avec fantaisie d'une voix à une autre. Nous avons ainsi un édifice stable incarné par la partie d'orgue écrite simplement par Jenkins, sur lequel virevoltent et dialoguent les deux archets. Il est particulièrement plaisant de suivre les transformations contrapuntiques des thèmes de Jenkins qui, par leur simplicité subtile, sont de dignes descendants des mélodies de Dowland.

Wieland Kuijken et Roberto Gini leur apportent une éloquence rare. La diction est claire, précise, le détail des diminutions brillant et transparent, le dynamisme extraordinaire. La conduite des phrases atteste un souffle large et maîtrisé. A l'orgue et au clavecin, Mario Martinoli contribue à la réussite de ce programme par la variété de son accompagnement et par sa forte présence rythmique. En outre, l'enregistrement est particulièrement bien équilibré et clair. Un petit bijou pour les amateurs de cette musique exigeante.

La sélection de fantaisies, pavanes et airs proposée par The Spirit of Gambo ne nous inspire pas tant de compliments. En trois mots comme en cent: tout s'y ressemble. Pas seulement à cause d'un effectif trop constant (quatre violes accompagnées parfois d'un orgue), mais aussi par un style déjà désuet à la viole de gambe, qui aborde tout son tenu ou élément de phrase en « soufflet ». Le même énoncé en crescendo‑de­crescendo se décline d'un bout à l'autre du disque, et amollit de façon assez agaçante les raffinements de Jenkins. Ne peut‑on, à la viole de gambe, varier l'articulation et l'attaque ? Kuijken et Gini démontrent que oui.         
 

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