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Diapason # 630 (12/2014)
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Editions Les Arts Florissants
AF003




Code-barres / Barcode : 3149028058925 (ID476)

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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Denis Morrier

Les Arts Florissants, sous la direction experte et inspirée de Paul Agnew, se sont lancés depuis plusieurs années dans une intégrale des madrigaux de Monteverdi en concert. Ceux qui ont eu la chance d'entendre les jalons de ce pèlerinage savent à quel degré d'intensité musicale et de raffinement sonore sont parvenus ces interprètes émérites. Trois florilèges discographiques, « pris sur le vif » au fil des concerts à la Cité de la musique, font écho à l'entreprise. Le premier volume paru est en vérité le deuxième du triptyque : il résume les trois Livres de madrigaux mantouans. Le nouveau se penche sur les premiers chefs‑d’oeuvre de la période de Crémone, le dernier sera dédié à l'apothéose vénitienne. L’objet éditorial est classieux, un bel étui cartonné enserre la pochette du disque et deux livrets (dont une nouvelle inédite de René de Ceccatty). Dans un a cappella limpide, cinq madrigaux du Livre IV témoignent de l'émergence de la seconda prattica montéverdienne. La plastique vocale modelée par Paul Agnew est impressionnante et singulière, bien différente des réalisations « méditerranéennes » d'Alessandrini ou de Cavina. Individuellement somptueuses, les voix fusionnent en un ensemble à la cohésion inattaquable : les chromatismes exacerbés et erratiques de Piagn'e sospira sont parfaitement homogènes et rigoureusement implacables. Les chanteurs abordent ces joyaux da camera avec une souplesse et une amplitude dynamique inhabituelles, comme le montrent les fulgurances radieuses de Sfogava con le stelle.

Dans les cinq madrigaux empruntés au Livre V, le ton se fait plus lyrique. Chaque mot, chaque figure musicale, s'épanouit: le délicieux contrepoint dissonant de Cruda Amarilli est souligné avec gourmandise, tandis que T’amo mia vita devient un modèle de déclamation savoureuse, où les voix masculines, répondent avec délectation aux exclamations lumineuses de la soprano.

L'album est dominé par les lectures poignantes du Lamento d’Arianna et de la Sestina. Paul Agnew cisèle deux interprétations aux détails passionnés, mais s'attache aussi à l’inexorable progression dramatique de ces monuments du Livre VI. Les cris d'Arianna esseulée et le glas funèbre qui résonne au pied de la tombe de Corinna rejoignent les cimes autrefois atteintes par le Concerto Italiano. Vite, la suite !

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