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Diapason # 630 (12/2014)
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CPO 777659



Code-barres / Barcode : 0761203765928

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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Jean‑François Lattarico

Représenté en 1702 pour l’anniversaire du Roi Frédéric IV, Pomona fait partie d'une série de pastorales allégoriques écrites par Keiser pour la cour de Copenhague. Si l'intrigue est bien mince (le combat que se livrent devant Jupiter les quatre saisons, dont sortira victorieuse Pomona, déesse des fruits), la musique abonde. Elle illustre l'esthétique hambourgeoise des « goûts réunis » dans un kaléidoscope d'airs brefs entremêlés d'intermèdes chorégraphiques, de duos et de choeurs très expressifs. Keiser commence à abandonner les airs accompagnés par la seule basse continue. Les vents ont la part belle: comme souvent sous sa plume, la flûte, le basson et surtout le hautbois illuminent la palette des affects (magnifique air de Bacchus: « Wenn du füllst » et très beau duo entre Jason et Cérès: « Wir werden in gar kurzer Zeit »). La virtuosité (les figuralismes de « Amor scherzt » de Cérès) alterne avec les plaintes ferventes (« Kindheit ist wie Frülingsstunden » de Pomona), le chromatisme de « Auf den Feldern » envoûte. Keiser excelle aussi dans les cellules mélodiques ou rythmiques entêtantes, comme la figure sautillante, soulignée par les bassons puis reprise par les hautbois, de la deuxième aria.

Thomas IhIenfeldt, infatigable défenseur de ce répertoire, apporte à Pomona une équipe homogène qui maîtrise les codes d'un genre hybride encore marqué par sa « germanité » (les airs italiens ne seront insérés que l'année suivante par Keiser dans son Claudius). Rien de déshonorant chez les chanteurs, rien de saillant non plus. L’insubmersible Jan Kobow témoigne toujours d'un engagement efficace, tout comme la soprano Doerthe Maria Sandmann, voix un peu verte mais prometteuse. Les deux autres ténors et les deux barytons ont la vaillance qu'exigent leurs rôles ‑ des timbres plus différenciées auraient facilité la caractérisation. Au final, une belle découverte qui doit inciter à exhumer les autres partitions de celui que son ami Mattheson considérait comme « le premier homme du monde ».

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