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Diapason # 680 (06 /2019)
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Analyste: Gaëtan Naulleau

Texte abrégé

Grychtolik se distingue de toutes les réalisations précédentes par la quantité de ses emprunts à la Saint Jean et à la Saint Matthieu de Bach : ils innervent l'essentiels des récitatifs et des turbae de sa reconstruction. Pertinente ou pas, ajustée par un faussaire de génie ou bricolée, cette méthode pose le même problème : l'oreille familière des deux autres Passions est ballottée dans les récitatifs et les turbae d'échos lointains en citation tronquées, dont on ne peut rater les coutures.

... Tous les « reconstructeurs » ont poussé un soupir de soulagement en comptant les seize chorals du livret - contre treize seulement pour la Saint Matthieu , pourtant beaucoup plus développée. Il est permis de faire son marché dans les cantates ou différents recueils. Cette abondance d'hymnes est aussi un écueil pour les chefs, confrontés à une trajectoire particulièrement morcelée. Le souffle de Savall, toujours sûr de sa route, y serait déterminant s'il était relayé par un Evangéliste d'envergure. Son jeune ténor hongrois n'a pas encore l'autorité déclamatoire nécessaire - ou peut-être est-il prudent dans ces récitatifs calqués sur ceux de la Saint Matthieu , qu'il connaît forcément mieux.

... Quoi qu'en disent les avocats des reconstructions, le choix des emprunts est un coup de poker. Bach a toujours un tour d'avance. Qui songerait à substituer « Va Jésus à ton supplice » à « Laisse, Princesse, laisse encore un éclat » ? Ce qu'il fait au début de la Passion avec la complicité de Picander, chargé de couler des paroles nouvelles dans le chœur d'entrée de la Trauerode . « Laisse » pour « va », une imploration affectueuse à la princesse défunte (1727) pour une injonction vive à celui qui doit mourir - l'orchestre de Savall sait se montrer brillant et cruel dans cet incroyable tableau, où son chœur est un peu en retrait. Même ici, rien ne nous assure que la musique de 1727 a été reprise telle quelle, en conservant par exemple son instrumentation singulière (dont deux violes et luth). Quand Bach réutilise ailleurs d'anciennes partitions, l'étendue des retouches est souvent substantielle.

... Jordi Savall (a) enregistré en concert à Versailles.

Aucun soliste transcendant près de lui, des efforts souvent audibles dans le chœur, des dérapages dans des unissons de violons qui peuvent piquer l'oreille - elle doit aussi se faire à la très forte résonance des basses. La cohésion d'un travail d'ensemble parfois flou serait sans doute un problème si l'équipe n'était pas soudée par la sensibilité assurée de son chef et l'intensité. L'air de ténor qui ouvre la deuxième partie (sur le sublime « Der Ewigkeit saphirnes Haus » de la Trauerode ) est extraordinaire par la respiration longue, profonde, presque « symphonique » dans laquelle s'inscrivent les instruments solistes, et sur laquelle peut flotter Reinoud Van Mechelen ( desservi par le mixage). 

Le dernier numéro de la première partie (où Grychtolik, prenant modèle sur la Saint Matthieu , insère le grand choral figuré de la Cantate BWV 135 ) est une autre vision magique, pour laquelle ce live émaillées de scories un peu partout méritait d'être publié. 


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