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Diapason # 700 (05 /2021)
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Arcana
A486



Code-barres / Barcode : 3760195734865

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Loïc Chahine
 

On raconte que quand le violiste allemand Ernst Christian Hesse vint à Paris, à la fin du XVIIe siècle, il fut à la fois l'élève de Marin Marais et d'Antoine Forqueray. Comme ni l'un ni l'autre n'eût toléré que son disciple fût aussi celui de son rival, Hesse se présenta aux deux maîtres sous un nom différent... Sous l’archet d'André Lislevand, les deux grands violistes français se donnent la main. Sans reprendre telle quelle aucune Suite du recueil de ses pièces publié après la mort de Forqueray, en 1747, un parcours original convie donc Marais, mais aussi Robert de Visée, Louis Couperin et un anonyme. L'entame du disque donne le ton : le jeune violiste esquisse comme timidement les premières notes de la Chaconne La Buisson, fait un pas de côté par un enchaînement d'accords des Voix humaines de Marais avant de revenir à la pièce de Forqueray. Le disque multiplie ainsi les clins d'oeil : La Mandoline ? André Lislevand convie donc son (illustre) père pour quelques notes de mandoline au dernier couplet-refrain. Plus loin, Rolf joue - et avec quel éclat ! - toute La Guitare du Livre III de Marais dans un arrangement pour guitare baroque avant que viole et théorbe n'entonnent l'original, à la manière d'un reflet. Par un procédé similaire, La Mascarade de Visée, écrite pour le théorbe, est chantée par la viole. Et jamais une faute de goût. André Lislevand se tient pourtant toujours sur la ligne de crête entre expressivité et excès. Écoutez la narration à fleur d'archet de La Plainte (Marais): qu'elle agace ou emporte, elle ne laisse pas indifférent. Même constat pour une Guitare devenue véritable fantaisie personnelle. Le prélude en ut mineur (Marais) halète, les Courantes courent. C'est la même maestria un rien démonstrative qui anime les pièces de Forqueray. La Jupiter profite d'une sage gradation des effets : après des accents, un legato et des suspensions savamment dosés, la foudre gronde véritablement quand survient le dernier couplet (à 2' 28"), et nous rappelle que l'étymologie lie le verbe étonner au tonnerre. Véritable dramaturge, le violiste exploite là des sonorités âpres, roule des yeux dans La Sylva (les célèbres gravures de Le Brun sur les passions ne sont pas loin), nous hypnotise dans La Montigni sans nous laisser nous assoupir, trouve une sorte de motorique diablement efficace dans La Ferrand... Et cette enchanteresse Sarabande de Visée, murmurée comme une confidence! Malgré des timbres pas toujours amènes, on demeure fasciné. Si le clavecin est plutôt prosaïque, le continuo superbe et inventif de Jadran Duncumb, tant au luth qu'au théorbe, touche à l'idéal. Ce dernier démontre une fois de plus l'étendue de son talent d’orateur dans un puissant prélude anonyme du manuscrit Vaudry de Saizenay. Une réalisation en rien consensuelle, mais stimulante et mémorable.


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