Texte paru dans: / Appeared in:
*


Diapason # 700 (05 /2021)
Pour s'abonner / Subscription information


Ramée
RAM1913



Code-barres / Barcode : 4250128519137

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
 

Analyste: Jean-Christophe Pucek

Années 1618-1648, décennies d'épouvante. Impossible d'entendre vraiment la musique germanique du XVIIe siècle sans avoir à l'esprit les ravages de la guerre de Trente ans, dont l'écho résonne toujours bien après le retour de la paix. Heinrich Albert, musicien de Königsberg, avait, en 1639, construit une tonnelle dans son jardin, sur laquelle couraient des cucurbitacées: la « cabane aux  citrouilIes » devint, pour lui et ses amis poètes, une enclave à l'abri des horreurs du temps.

Le Hathor Consort ressuscite leur société, joyeuse malgré les combats, la famine et la mort.

Dès le tableau d'ouverture, tout est là : le cliquetis des rapières de la soldatesque (Galliard Battaglia de Scheidt) comme l'exaltation mystique (Es steh Gott auf de Schütz, restitué avec l'élan idoine), tandis que plane la désolation (Paduan-Courant dolorosa de Scheidt encerclant la déploration de Hildebrand, entre abattement et révolte). À cet intelligent programme ne manquent ni l'effroi, ni l'espoir, ni l'amour de la vie (les savoureuses chansons d'Albert), ni la conscience de sa fragilité (Unser Leben ist ein Schatten de Johann Bach, traduit avec une piété simple et raffinée). La partie intitulée « Une trêve fragile » en apporte une autre splendide illustration, alternant airs et danses enlevés, jusqu'à ce qu'une suspension vienne briser la jubilation, mêlant à l'ivresse des sens les herbes amères de la mélancolie. Voilà qui est magnifiquement pensé et joué, d'une justesse émotionnelle saisissante. Les violes tantôt enjouées, tantôt ombreuses du Hathor Consort, le cornet brillant ou rêveur de Lambert Colson, le talent de diseuse de Dorothee Mields, présence claire et corsée aussi à l'aise dans le registre profane que sacré, tout concourt à faire de ce récital une expérience bouleversante, et un des disques les plus accomplis dévolus à la période. On songe à la truculence tragique d'Une rencontre en Westphalie de Grass : « Quand tout gisait en ruine, seuls brillaient les mots. » Ici, briIlent également les notes.


Sélectionnez votre pays et votre devise en accédant
à Presto Classical
(Bouton en haut à droite)

Livraison mondiale



 

Choose your country and currency when reaching
Presto Classical
(Upper right corner)

Worldwide delivery

               
   

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews