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Diapason # 608 (12/2012)
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Hyperion
CDA67924



Code-barres / Barcode: 0034571179247 (ID236)
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Appréciation d'ensemble:
Analyste: Ivan A. Alexandre
 

Nul ne ressemblait moins à un castrat que le castrat Gaetano Guadagni (1728-1792). Il n’était pas calabrais mais lombard. Ne descendait pas d’un village ruiné mais d’une famille de musiciens. Il ne fut pas instruit dans un conservatoire napolitain mais à la maison. Il ne rivalisait pas avec les rossignols mais luttait contre les ornements et incarnait la sensibilité nouvelle, le simple, le naturel. Repéré à Londres au sein d’une compagnie buffa, le débutant passa quelques saisons chez Handel qui le forma à... l’oratorio anglais. Si le chef saxon écrivit peu de rôles « pour Guadagni » (The Choice of Hercules et Didymus dans Theodora tout de même), il adapta nombre d’ouvrages antérieurs à son registre (court) et à ses moyens (modestes). Curieusement, le plus célèbre parmi les airs ainsi modifiés, «But who may abide » du Messie, ne figure pas sur cet album qui ne retient que quatre pages de Handel, empruntées à Saul, Theodora, The Choice et Belshazzar.

L’heure de gloire vint toutefois beaucoup plus tard, grâce au chevalier Gluck dont Guadagni fut, à Vienne en 1762, le premier Orfeo, ici représenté par deux grands airs: « Che puro ciel!» et « Chefarò senza Euridice ? » Deux ou plutôt un seul, tant ils finissent par se ressembler. Telle est la limite de ce délicieux florilège, comme de celui gravé par Alain Zaeppfel en 1987. Un registre (le fausset), une couleur (pâle), une langue (l’anglais, même en italien !), une expression (séraphique): à tout moment l’église l’emporte sur le théâtre, fût-il spirituel. Tant mieux pour David (« O Lord») ou les « Champs-Elysées » d’Orfeo tant pis pour la
« Vengeance » de Thomas Arne (Alfred), « A trionfar » de Hasse (Didone) ou « Che farò ».

Et dommage pour un jeune alto britannique par ailleurs musicien, méticuleux (trille soigné, joli sol aigu dans la cadence de « The rapt ur’d soul » et capté de près. Comme dans leur récent album Porpora (cf n° 597), l’ensemble Arcangelo accompagne sagement au fond, jusqu’à une première symphonie « hambourgeoise» d’Emanuel Bach sans relief dont on se demande ce qu’elle fait là. Mais qui sait si le doux Guadagni n’eût pas applaudi cette autre leçon d’humilité.

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